Numérique responsable : un premier pas

A Poitiers, la Convention citoyenne pour un numérique responsable a accouché d’un plan qui conjugue au numérique inclusion, sobriété et démocratie. Ou comment, au quotidien, rationaliser les usages à des fins sociale, écologique et citoyenne.

Claire Brugier

Le7.info

Tout est né… de l’annonce de l’arrivée de la 5G en France. En septembre 2020, la maire écologiste de Poitiers Léonore Moncond’huy signe dans le Journal du dimanche, aux côtés de soixante-sept autres élus, une tribune réclamant un moratoire sur le déploiement de la 5G. Dans la foulée, la municipalité évoque l’idée d’un jury citoyen pour étudier la question. Quelques confinements plus tard, en avril 2021, ce dernier est élargi en Convention citoyenne pour le numérique responsable. Vingt-neuf habitants de Poitiers sont tirés au sort, planchent pendant dix mois, élaborent un Plan numérique responsable (Le 7 n°506). « Un plan itératif », 
précise Alexandra Besnard, adjointe au Numérique responsable. Doté de « clauses de revoyure annuelle », il s’apparente à une feuille de route évolutive établie à partir d’un constat inéluctable : « Le numérique occupe aujourd’hui une place prépondérante dans nos vies. » A la fois outil d’inclusion et d’exclusion, de progrès et de problèmes…

« Nous ne sommes pas devenus ingénieurs en électronique ou en informatique, témoigne Claude, l’un des membres de la Convention. Mais on nous a invités à mieux appréhender le fait numérique dans nos vies, au quotidien. » De son côté Agnès, électro-sensible, salue l’approche. « D’ordinaire, nous ne sommes pas entendus mais là nous avons examiné les côtés positifs comme négatifs du numérique. De plus, c’était intéressant car il y avait trois générations, et donc trois points de vue différents. »

Initiatives quotidiennes

La Convention citoyenne a accouché de quarante-cinq propositions, dont trente-deux ont résisté au crible de la faisabilité, du coût et de la cohérence politique pour servir « trois ambitions : l’inclusion numérique, la sobriété numérique et la démocratie numérique ». En réponse à la première, on trouve la médiation, via les trois conseillers numériques récemment recrutés par la Ville, mais aussi l’utilisation de logiciels libres, la remise en état d’ordinateurs solidaires, un accès facilité à Internet (installations de box en lien avec les bailleurs sociaux, recensement cartographique des points Wi-Fi gratuits, etc.). Au chapitre de la sobriété, le document prévoit une communication accrue sur les bonnes pratiques du numérique auprès de la population ainsi que la rationalisation de ses usages au sein de la collectivité. Enfin, la démocratie numérique doit se traduire par des formes de citoyenneté plus actives, en rappelant aux jeunes et aux adultes les droits et devoirs de chaque utilisateur mais aussi en adaptant les outils d’accès aux services publics, en renforçant l’ouverture des données municipales (open-data)…


« J’ai l’impression d’un 
catalogue », remarque Bouziane Fourka, conseiller municipal d’opposition (Poitiers à taille humaine). Le Plan voté le 7 mars en conseil municipal, à une très large majorité (49 voix pour et 1 abstention), se présente de fait comme une mosaïque de mesures pour Poitiers. Et au-delà ? « Que veut dire engager Poitiers si Grand Poitiers ne l’est pas ? », questionne Isabelle Chedaneau, conseillère municipale d’opposition (Notre priorité, c’est vous !). De même, poursuit Bouziane Fourka, « je regrette qu’il n’y ait pas de lien établi avec Poitiers, capitale du numérique éducatif… » A suivre donc.

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