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Le menu de Sébastien Boireau
Chef du restaurant gastronomique Papilles, à Poitiers, Sébastien Boireau vous propose un repas de fête réussi pour tous les porte-monnaie.
Souvent accusé -à tort- d’être à l’origine de courbatures chez les sportifs, l’acide lactique a mauvaise presse. Mais l’étude menée depuis une vingtaine d’années par le Pr Luc Pellerin devrait redorer le blason de cette molécule. Dans un article récemment paru dans la prestigieuse revue Proceeding of the national Academy of Sciences USA, le neurobiologiste, professeur de biochimie et biologie moléculaire au sein du laboratoire Inserm U1313(*) de Poitiers, démontre l’importance du décrié lactate dans le domaine de l’énergétique cérébrale, notamment dans le fonctionnement des neurones.
« Proportionnellement à sa taille, le cerveau est l’un des organes du corps humain qui consomme le plus d’énergie (ndlr, 25% du glucose qui circule dans le sang), rappelle le scientifique. Le glucose est souvent considéré comme le substrat énergétique majeur du cerveau, et par extension des neurones. Mais dans certaines situations, d’autres substrats peuvent être utilisés. » Comme les corps cétoniques (relatifs à la dégradation des graisses) lors de l’allaitement ou encore le lactate.
Depuis vingt-cinq ans, le Pr Pellerin se penche précisément sur le rôle spécifique du lactate dans le fonctionnement cérébral. Ses recherches ont mis en évidence que cette molécule constitue, au même titre que le glucose, une source d’énergie pour les neurones. Elle est produite par des cellules en forme d’étoiles, les astrocytes. Ces derniers puisent dans le système sanguin le glucose et en transforme une partie en lactate (via la glycolyse). Des transporteurs (des protéines) acheminent ensuite le lactate vers les neurones, en fonction de l’« appétit » de ces derniers. C’est cette « navette de lactate » entre les astrocytes et les neurones que le Pr Pellerin, en collaboration avec le Pr Anne-Karine Bouzier-Sore, du Centre de résonance magnétique des systèmes biologiques (CRMSB) de Bordeaux, a identifiée. « Il a fallu vingt-cinq ans pour accumuler des preuves et caractériser ce mécanisme », se réjouit le Pr Pellerin. Mieux encore, des expériences in vivo ont révélé que cette navette était essentielle pour la cognition chez les rats. Alors pourquoi pas chez l’être humain !
Cette découverte pourrait ainsi mener vers de nouvelles approches médicales, notamment dans le cadre de pathologies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer. Pour la diagnostiquer, on mesure, grâce à des techniques d’imagerie, la consommation de glucose des neurones. S’ils présentent une hypo-consommation, on en déduit que certains sont morts. Et s’ils étaient simplement sous-alimentés ? En d’autres termes, « est-ce que ce ne serait pas l’astrocyte qui serait d’abord touché et ainsi affecterait l’alimentation du neurone ? », interroge le Pr Pellerin. Cette hypothèse, encore à démontrer, ferait potentiellement de l’astrocyte « une nouvelle cible thérapeutique ».
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