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Des médecins du CHU de Poitiers évaluent actuellement l’efficacité de la Bétadine pour lutter contre la propagation de la Covid. Les résultats sont prometteurs.
Et si la povidone, plus connue sous le nom de Bétadine, était efficace pour réduire la transmission d’une série de virus, dont la Covid-19 ? C’est l’hypothèse que s’efforce actuellement de démontrer le Dr Jérémy Guenezan, urgentiste au CHU de Poitiers. « Avec le Pr Olivier Mimoz, chef des urgences, nous avons une thématique de recherche au sein de l’unité Inserm U1070 dédiée aux antiseptiques, souligne l’intéressé. Après avoir lu une publication sur leur utilisation dans le cadre de soins dentaires, on s’est demandé si ces antiseptiques pouvaient aussi tuer ou diminuer les virus chez les patients atteints de Covid-19. »
La littérature scientifique ne dit pas grand-chose sur le sujet. Entre le 8 septembre et le 20 octobre 2020, le Dr Guenezan a donc mené une première étude sur une cohorte de vingt-quatre patients sélectionnés. Le critère principal ? Avoir hérité d’une charge virale élevée. Un médecin, un infirmier et une attachée de recherche clinique leur ont rendu visite à cinq reprises, d’abord le jour du traitement, le lendemain, puis trois, cinq et sept jours plus tard. Une partie des patients se sont vu appliquer de la povidone dans la sphère naso-pharyngée, l’autre non afin de pouvoir comparer. Les résultats obtenus en collaboration avec les virologues poitevins Nicolas Lévêque et Magali Garcia ont été publiés dès février 2021. « On a remarqué que l’activité du virus diminuait plus vite que la normale. L’effet virucide de cet antiseptique aurait donc bien une efficacité dans ce cas », note le chef-adjoint des urgences de Poitiers. Qui précise immédiatement : « Pour autant, la Bétadine n’est pas un remède miracle, cette étude ouvre un nouveau champ de recherche, elle amène d’autres questions. »
Covid et autres virus saisonniers
Inutile de s’asperger le nez de Bétadine pour espérer échapper au virus. D’autant que pour le moment, on ne sait pas sous quelle forme (spray nasal, bain de bouche…), ni à quelle fréquence ce produit est le plus pertinent. En outre, cela reste un médicament prescrit sous ordonnance. Il reste aussi à évaluer les effets à long terme. Vaccin et gestes barrières demeurent la meilleure protection. Mais l’étude se révèle prometteuse pour lutter contre la Covid et d’autres virus saisonniers. Et pourquoi ne pas imaginer, un jour, un spray pour assainir ses postillons ? Le travail continue pour le Dr Guenezan. Il planche en parallèle sur la prévention antiseptique des perfusions, pansements et autres équipements très utilisés à l’hôpital. Cette première étape a bénéficié d’un financement de 8 000€ du Fonds Aliénor, qui soutient la recherche médicale poitevine. Une autre étude de plus grande ampleur sera nécessaire pour aller au-delà. Dès que la cinquième vague laissera un peu de répit aux médecins…
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lundi 23 décembre