Aujourd'hui
Météo incertaine
L'édito de la semaine est signé Arnault Varanne, rédacteur en chef.
« Notre rentrée a commencé devant l’église Saint-Michel de Lille, le lundi 30 août. Nous enterrions Charlotte, notre jeune collègue de 29 ans qui s’est suicidée le 23 août... » Ainsi démarre la tribune diffusée dans Le Monde du 23 novembre, signée par plus de 3 200 juges, substituts et greffiers(*). Leur nombre a doublé aujourd’hui, signe du malaise qui règne dans les palais de justice, où aux « conditions de travail difficile », s’ajoutent « des injonctions d’aller toujours plus vite et faire du chiffre ». Vendredi dernier, autour du président du tribunal judiciaire de Poitiers Cyril Bousseron, un conseil de juridiction a réuni près d’une quarantaine d’invités, dans le cadre d’un échange dédié aux Etats généraux de la justice. Et dans le dossier du jour, figurait en bonne place la fameuse tribune...
Pendant trois heures, les représentants de la police, de la gendarmerie, de la pénitentiaire ou du greffe ont livré sans détour leur diagnostic. « Cela fait dix ans que je travaille au greffe. La première chose que je voudrais, c’est qu’on nous donne les moyens de travailler. Nos outils ne sont même pas à jour. Un exemple, sur la réforme des mineurs, les nouvelles trames ne sont pas là ! », lâche une participante. « La goutte d’eau, c’est le mépris du ministère, embraie Sophie Grimault, secrétaire générale adjointe du Syndicat des greffiers. On a un besoin de reconnaissance, des collègues pleurent, subissent de la maltraitance. » Les mots sont forts et dépeignent une situation où le manque de moyens financiers et humains (magistrats, contractuels faisant office de...) le dispute à l’engorgement des affaires, au pénal comme au civil.
« Le palais de justice n’est pas un réservoir de fainéants. Il n’y a que des gens très investis. Mais les magistrats ne devraient pas avoir une pression du chiffre », assure l’actuel bâtonnier Emmanuel Breillat. Qui ajoute : « La France compte deux fois moins de magistrats que la plupart de ses voisins européens. En l’état, la situation ne peut amener à une justice efficace en tout point. Aujourd’hui, si vous commettez un délit, vous ne serez pas convoqués avant 2023. En termes de pédagogie, c’est un non-sens. » Dans l’œil du cyclone de la plupart des professionnels, figure l’empilement des réformes. « Et quand on s’engage dans des Etats généraux, on doit s’attendre à de nouvelles réformes, qui vont ajouter de la complexité », constate un professeur de droit public. Précisément ce dont ne veulent plus les magistrats. « Plus personne n’y comprend rien », tonne un avocat. « On a eu la commission Guinchard, la loi pour une justice du XXIe siècle, aujourd’hui les Etats généraux... On change les titres mais rien ne change, ça devient lassant », peste Sophie Grimault. La Chancellerie a rencontré quelques-uns des auteurs de la tribune du Monde.
(*)Aujourd’hui, plus de 6 500 magistrats l’ont signée.
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