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Avec la crise sanitaire, le télétravail s’est largement démocratisé. Pour le meilleur ou pour le pire ? Les deux selon Damien de Carvalho, auteur d’une longue étude sur le sujet. « Ce n’est ni un problème ni une solution », estime le chercheur en science de gestion à l’IAE de Poitiers.
Selon un sondage commandé par Le Parisien à l’institut Ipsos-Sopra Steria, 29% des salariés déclarent aujourd’hui faire du télétravail au moins un jour par semaine contre 17% avant la pandémie. Alors oui, il y a bien un avant et un après crise sanitaire. Chez Aquitel, à Chasseneuil, environ 80 collaborateurs sur 380 bossent en permanence depuis chez eux, même s’ils doivent revenir au bureau une journée par semaine... « On est toujours dans une gestion de crise, mais on aimerait pérenniser cette organisation », reconnaît Lauren Marchand, responsable ressources humaines. Dans ce centre d’appels, on a même constaté une diminution du taux d’absentéisme. « Les salariés sont un peu plus dans leur bulle, ils gagnent du temps de trajet domicile-travail, les frais d’essence. Et ils sont plus rapidement à l’école ou chez la nounou », témoigne Julie Jeridy, manager.
Les deux collaboratrices d’Aquitel participent ce mercredi à un débat aux côtés de Damien de Carvalho(*). Le chercheur en science de gestion à l’IAE de Poitiers a commencé à s’intéresser au sujet fin 2019, en théorie, avant de plonger dans la pratique à partir de mars 2020. Il estime que « la crise du Covid a exacerbé les aspects positifs et négatifs du télétravail qui n’est pas nouveau. On a été très productifs pendant le premier confinement, mais est-ce que ce sera le cas si on met toute une entreprise en télétravail ? Je ne suis pas sûr. » Le chercheur pointe plusieurs effets pervers, notamment en termes de communication. A contrario, « on s’est rendu compte que beaucoup de métiers étaient télétravaillables ». Damien de Carvalho a ainsi interrogé, dès mars 2020, six mois et un an après, « deux grandes organisations, l’une privée, l’autre publique avec des antécédents différents ».
Côté pile, côté face
Résultat : une accélération des pratiques et des aspirations à plus de souplesse. « Certaines ont laissé beaucoup plus d’autonomie à leurs salariés », prolonge l’universitaire. Côté pile, un épanouissement manifeste, une productivité accrue, du pouvoir d’achat supplémentaire, côté face des risques psychosociaux accentués, une difficulté à concilier vies personnelle et professionnelle, « un débordement ». Damien de Carvalho va même jusqu’à évoquer « une inversion de la hiérarchie. Des salariés en télétravail ont quitté des régions denses et ne sont pas prêts à revenir sur site. Comment les inciter à revenir régulièrement ? C’est aux entreprises de poser ce cadre ». Il existe toutefois des préalables : la volonté des collaborateurs, leur connexion, leur capacité à s’engager à être réactifs, la formation des managers... « La question de l’outil est primordiale », prévient le chercheur.
« Certains ne sont pas faits pour le télétravail, ils ne sont pas à l’aise », reconnaît Lauren Marchand. Et même si les accords d’entreprise se sont multipliés au cours des derniers mois, un grand nombre de PME attendent encore que le temporaire se transforme en durable. « Comme sur d’autres sujets, c’est du cousu main, il faut gérer l’humain », conclut Damien de Carvalho. Equilibre, quand tu nous tiens... D’après une récente publication de l’entreprise de recherche Gartner, l’Hexagone devrait compter 33% de télétravailleurs en 2022.
Conférence d’Evolution GRH, L’entreprise post-travail, comment aborder le télétravail ?, mercredi, à 18h à l’IUT GEA, à Poitiers. Inscription gratuite à evolution.grh@gmail.com. Pass sanitaire obligatoire.
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