Ressuscitées en 2017, les Bières de Montmorillon, 100% bio et françaises, tracent leur route sur le marché en pleine croissance des bières artisanales.
« Florissante. » Ainsi François Guillon définit-il l’activité de sa brasserie artisanale. A tout juste 32 ans, le fondateur et « big boss » des Bières de Montmorillon, 100% bio et françaises, vise la vente de
« 2 000 hectolitres l’an prochain ». Selon le syndicat des Brasseurs de France, le secteur aurait perdu 47% de son chiffre d’affaires entre 2019 et 2020. Pas François Guillon. « Nous avons su résister au Covid et à ses différentes phases en faisant en sorte de tourner notre activité vers des marchés qui continuaient à avancer », confie-t-il. Devant le rideau baissé des débits de boissons (35 à 40% du chiffre d’affaires habituel) et la mise en sommeil de l’événementiel (17%), la brasserie s’est tournée vers les « commerces essentiels », avec notamment un référencement dans les 450 magasins La Vie claire de France. Le chiffre d’affaires, réalisé en majorité dans la Vienne et en région parisienne, n’a donc pas fléchi. Mieux encore, depuis 2017 la production n’a cessé de croître, ce qui incite aujourd’hui François Guillon à envisager sous six à huit mois le renouvellement de son matériel pour un investissement estimé à près de 1M€. Le petit postillon qui sert d’emblème aux bières montmorillonnaises connaît déjà le Japon, bientôt l’Australie, mais il n’a certainement pas fini ses voyages. En attendant, il accompagne François Guillon sur les salons, la semaine dernière ceux du Made in France et Marjolaine (du bio) à Paris, le week-end prochain celui de la gastronomie de Poitiers, en février-mars 2022 le Salon de l’agriculture…
Vieillies en barrique
François Guillon a côtoyé le petit personnage en veste rouge et haut-de-forme durant toute son enfance. Originaire de Poitiers, le jeune entrepreneur l’a toujours connu, chez ses grands-parents, à Montmorillon, sur une affiche. Il y incarnait les Bières de Montmorillon originelles, créées en 1843 et fermées en 1963. « C’était la bière la plus vendue en France pendant la première moitié du XXe siècle. »
Après des études de commerce, il s’est souvenu du petit personnage à l’effigie du livreur Victor Deslandes. Il s’est formé au métier, à la brasserie bordelaise du Mascaret notamment. Sept personnes travaillent aujourd’hui à ses côtés pour produire l’incontournable blonde (elle représente plus de 50% du chiffres d’affaires), la blanche, l’ambrée, l’IPA, la brune, les bières de saison... « Notre spécialité, ce sont les bières vieillies en barrique, une blonde dans des fûts de Pineau des Charentes, une ambrée dans des fûts de Cognac, une IPA dans des fûts d’Armagnac… Et cet été nous avons proposé une Berliner Weisse, plus acide, à laquelle nous avons ajouté de l’ananas frais et du poivre. »
Le marché de la bière représente 13Md€ par an en France, dont 94% sont détenus par trois grands groupes. Les brasseries artisanales ont donc une marge de progression importante, encouragée par de nouvelles consommations. « Aujourd’hui, des bières sont servies sur les tables étoilées, les accords mets-bières apparaissent sur des menus gastronomiques… »