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En écho à sa chaîne CultivonsNous.tv, le Poitevin Edouard Bergeon vient de commettre un livre, le premier d’une série. Cultivons-nous - Bien manger avec les paysans d’aujourd’hui mêle chiffres, témoignages et analyses sans jamais opposer.
Pourquoi ce livre ?
« Ce livre va du champ à l’assiette, à travers des histoires de vie. Réconcilier le monde urbain et le monde agricole passe par des solutions, de la bienveillance… La société actuelle se dogmatise, elle se polarise. Ceux qui parlent d’agriculture, d’où parlent-ils ? La plupart ne connaissent pas ce monde. Je parle des paysans car j’en suis un. Ce livre, annuel, est un ovni parce qu’il parle d’agriculture, d’environnement, d’alimentation. »
Roman graphique, reportage photo, portrait… Ce livre, écrivez-vous, utilise des « langages d’aujourd’hui ». En quoi est-ce important ?
« C’est un livre d’artisan, avec une vraie valeur ajoutée. A l’intérieur, les œuvres d’art sont toutes originales, la BD est signée Enzo, Eric Bouvet a fait les photos des « professionnels à table »… On pourra relire ce livre dans trois ans. L’agriculture, l’édition, le cinéma, ce n’est que du temps long. Aujourd’hui, il y a une demande de la société qui va très vite, confortée par les réseaux sociaux. Or, pour faire bouger les choses, il faut du temps. »
Comment réconcilier ces deux temporalités ?
« Cultivons-nous » est une injonction saine, qui invite à comprendre l’autre. Aujourd’hui, les paysans sont innovants, ils ont des comptes Instagram, Twitter, ils font des vidéos… Nous avons plutôt une très belle agriculture en France, mais on a toujours tendance à se flageller. Il y a une telle méconnaissance ! »
Votre « cahier pratique » associe à des fruits et légumes des recettes, des conseils pour bien les acheter ou bien les planter. Comme une invitation à faire selon ses possibilités…
« Pendant la crise, on a tous eu peur. Et qu’a-t-on fait ? On a cuisiné. Nous votons tous trois fois par jour. A chaque repas. Je ne prétends pas dire pour qui voter, juste donner des clefs. Personnellement, je vais dans les supermarchés bien sûr, mais j’essaie de les faire bouger par ma consommation. L’enjeu de tout cela, c’est l’éducation. La chaîne télé, le livre ne sont que des boîtes à outils. Ce qui me guide, c’est d’établir des ponts, surtout ne pas opposer. »
Peut-on dire que ce livre est politique ?
« Je fais de la politique, mais d’une manière citoyenne. Edgar Faure a dit : « Un ennemi, c’est quelqu’un avec qui vous n’avez pas encore pris le temps de déjeuner. » C’est pourquoi j’aime beaucoup l’idée que traduit le dessin de couverture -c’est ma petite sœur qui l’a fait !-, avec ce champ qui devient une table, la table des bons vivants. »
Après ce livre, quels sont vos autres projets ?
« Je prépare deux films, l’un sur un combat sociétal, une adaptation de l’histoire de Paul François (ndlr, céréalier de Charentes qui a intenté un procès à Monsanto), et un autre sur les énergies vertes. »
Cultivons-nous - Bien manger avec les paysans d’aujourd’hui, Edouard Bergeon, Les Arènes, 326p., 29,90€.
Crédit photo : Thomas Lavelle.
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