La forêt brûle 
et on regarde ailleurs

Chaque année, plus de 7 millions d’hectares de forêts naturelles sont détruits dans le monde. Face à l’urgence en termes de biodiversité et de stockage du carbone, l’Espace Mendès-France présente une exposition et lance un cycle de projections-débats à partir du 15 novembre.

Romain Mudrak

Le7.info

Il y a urgence ! La forêt va mal… A cause du dérèglement climatique, les arbres dépérissent à vue d’œil dans de nombreuses zones de la planète. La sécheresse fait des ravages quand ce ne sont pas les flammes, comme cet été en Californie ou en Australie. Et puis un autre phénomène ne cesse de progresser : l’exploitation à outrance. « Comme au Brésil, la forêt boréale de Sibérie, la plus grande d’Europe, est pillée actuellement par l’industrie du bois », commente Alain Persuy, naturaliste et conseiller scientifique de l’Espace Mendès-France. C’est donc pour alerter et sensibiliser le grand public que le centre de culture scientifique poitevin lance un cycle d’une soixantaine de projections-débats, principalement dans l’ex-Poitou-Charentes, à partir du 15 novembre(*).

Quatorze documentaires sont à l’affiche de cette édition spéciale d’Images de sciences et sciences de l’image intitulée 
« Forêts d’ici et d’ailleurs ». Alain Persuy animera les échanges le vendredi 19 novembre (20h30) à Dissay après la diffusion du film L’intelligence des arbres de Julia Dordel et Guido Tölke. « Il s’agit de cette capacité à s’adapter que possèdent les arbres, mais aussi à résister au stress et à vivre en symbiose avec d’autres végétaux et d’autres animaux », explique l’expert. Les spectateurs pourront également visionner le fameux documentaire de Franck Cuveillier, Morvan, pour quelques douglas de plus, qui relate « l’industrialisation de la forêt française ». « En France, les feuillus sont remplacés par des résineux plus rentables comme les pins douglas, reprend Alain Persuy. Ces forêts de plantation en monoculture sont pauvres en biodiversité et sensibles aux maladies. Pour les naturalistes dont je fais partie, ce n’est pas de la gestion durable comme l’avancent certains labels. »

« Pas qu’une usine 
à produire du bois »

On oublie trop souvent le rôle essentiel de la forêt. « Ce n’est pas qu’une usine à produire du bois ! » Sanctuaire d’une importante biodiversité, elle stocke aussi des quantités astronomiques de carbone et lutte ainsi contre le réchauffement climatique. Contre les coupes rases sans limite et la « malforestation », certains se mobilisent pour replanter des forêts. C’est le cas de David Buffault et Florence Massin, les fondateurs de l’association Semeurs de forêts, qui viennent d’acquérir un terrain de 5,6 hectares à Jaunay-Marigny. « Ce genre d’initiatives est remarquable, estime Alain Persuy. Cela recrée des bosquets biodiversifiés près de zones de grandes cultures. » 
L’écologue a réuni d’autres gestes du quotidien accessibles à tous dans un ouvrage intitulé Sauvons les forêts, petit manuel de résistance citoyenne. Sortie prévue en janvier.

(*)Toutes les dates figurent sur emf.fr

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