Le Regard de la semaine en forme de poème est signé Olivier Pouvreau. Court mais incisif.
Naguère, les rues et les routes du pays
Lui semblaient larges dans son humble et brave caisse ;
Le voici maître d’un SUV géant tout verni,
Et les voies deviennent minces, poussez vos fesses !
Les roues motrices lui ont fait passer l’envie
De racheter une berline sans prouesses ;
On ne brave le pavé qu’en carrosserie.
Qu’en tonnes sécurisantes, qu’en tôle épaisse.
Roulant au-dessus des gueux dans leurs tape-culs,
Il ne craint plus la glissade quand il a plu,
Parmi les bagnoles, le SUV est colossal.
D’aucuns lui crient « c’est une usine à CO2 ! »
Mais camouflé dans son char, il se moque d’eux ;
L’esprit périt en face du Grand Capital.
Post-scriptum :
2010 : 35 millions de SUV dans le monde
2015 : Accords de Paris sur le climat
2018 : 200 millions de SUV dans le monde.
CV express
Bibliothécaire de profession et entomologiste/photographe à mes heures. Ma vie oscille entre les pages d’un livre et les ailes d’un papillon. Je me reconnais dans la préface du naturalise Aldo Léopold dans son ouvrage Almanach d’un comté des sables : « Il y a des gens qui peuvent se passer des êtres sauvages et d’autres qui ne le peuvent pas. Ces essais sont les délices et les dilemmes de quelqu’un qui ne le peut pas. »
J’aime : l’individualisme s’il est critique, la bienveillance, la richesse des formes dans la nature, les vieilles pierres et les arbres vénérables, travailler le bois, la créativité musicale, le bokeh en photographie.
J’aime pas : le langage managérial, la communication d’ambiance, le manque de curiosité, l’absence d’empathie, les personnalités « toutes façades dehors », les connivences politiciennes, l’attitude culturo-mondaine, les stéréotypes.