Hier
Angeline Socier. 44 ans. Fondatrice du Centre « Alchimie des colombes », à Mouterre-Silly, dans le Nord-Vienne. A acheté avec son compagnon ce domaine de 5 hectares sur un coup de cœur. Spécialiste du coaching et de la médiation équine. Signe particulier : a toujours voulu « soigner les gens ».
Elle se souvient de ce grand percheron qui lui faisait face, tous les matins, dans la ferme de ses parents, aux confins de l’Orne et de la Sarthe. « Quand je lui donnais de l’herbe, j’étais très impressionnée par ses grandes dents. Gamine, je me disais toujours : Je voudrais voir mes chevaux quand je me lève. » Trente et quelques années plus tard, lorsqu’elle ouvre les volets du château de Baussay, Angeline Socier a une vue imprenable sur Jazz et ses trois congénères, dont les quatre hectares de pré étanchent la soif d’exercice. Entre Loudun et Thouars, le centre Alchimie des colombes a vu le jour aux premiers jours de 2020. « Nous nous sommes installés en novembre 2019 avec mon compagnon Erwan (Loret) », souffle-t-elle.
« Ce lieu m’a appelée »
Ils ont quitté la région parisienne pour un nouveau départ professionnel et ont atterri ici un peu par hasard. Angeline avait bien vu l’annonce sur le Net... « Mais le descriptif ne mentionnait pas les 4ha de pré ! » Six mois plus tard, ce fut le déclic. La native de Créteil et son compagnon ont dû regarder « la vidéo aérienne du domaine une centaine de fois », l’ont visité et ont signé le jour-même. « En fait, ce lieu m’a appelée. » Comme tout un chacun, la quadra a traversé des épreuves difficiles, à commencer par la perte de son père à 11 ans et de sa mère à 20. De quoi lui donner envie de « trouver un truc pour soigner les gens ». Elle s’est plongée dans un BTS chimie et un parcours au Cnam d’ingénieur en techniques pharmaceutiques et cosmétiques. Lesquels l’ont amené à intégrer pendant treize ans une grande entreprise de recherche, à Antony.
Elle s’épanouit sur le plan professionnel, jusqu’au décès de « son » patron et les premiers nuages qui s’amoncellent dans sa vie personnelle. « J’ai toujours adoré ce que je faisais... » Mais, parce qu’il y a un mais, Angeline doit stopper sa carrière une première fois pour s’occuper de ses fils (18 et 13 ans aujourd’hui) « à besoin particulier. Ils souffrent en fait de troubles de l’attention avec hyperactivité ». Elle n’en dira pas davantage sur ces difficultés intimes, même si elles sont à l’origine de son changement de vie... quelques années plus tard.
Car entretemps, Angeline Socier a « donné » dans la qualité, au sein d’une entreprise spécialisée dans la réparation de moteurs électriques. « A 20 minutes de chez moi », pense-t-elle. Idéal pour veiller sur ses enfants. En théorie parce qu’en réalité, Angeline voyage beaucoup, là où se trouvent des centrales nucléaires pour lesquelles elle gère des équipes de techniciens en sous-traitance. L’expérience est « géniale », même si elle doit vivre « une semaine sur deux à Belfort ». Comme quelques années plus tôt, sa vie familiale l’oblige à choisir. Nouveau départ après quatre ans d’épanouissement avec, dans un coin de sa tête, l’envie de « travailler sur le bien-être des gens ».
« Un besoin de perfection »
Angeline valide un diplôme de coach professionnel et personnel, puis une formation de praticienne en thérapies brèves par le cheval. On y revient. Parce qu’on n’est jamais que le produit de ses expériences, heureuses et malheureuses, Angeline s’est donc servie de son vécu de mère « en difficulté » pour ouvrir l’Alchimie des colombes, au beau milieu de la campagne. « Vous savez, le cheval est dans le non-jugement, il permet des prises de conscience. » Comme celle de « savoir poser des limites ». La praticienne travaille aujourd’hui en lien avec des publics différents, notamment des enfants autistes, et aimerait initier un partenariat avec un établissement parisien spécialiste des Troubles de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Des gîtes permettent d’accueillir des groupes, un ou plusieurs jours. Angeline Socier aime multiplier les projets et se fixer sans cesse des objectifs élevés. Elle se « soigne », rassurez-vous ! « C’est vrai que j’ai un besoin de perfection, je dois accepter de me tromper. Des copines m’encouragent tout le temps, me disent que ce que je fais est super. Moi, je trouve ça normal ! »
Avec « un super compagnon » et un cadre « fantastique », la néo-rurale se sent tout de même plus apaisée que jamais. Elle exprime sa « gratitude » à tous les gens qui lui tendent la main sans la connaître. Après tout, la médiation équine est une discipline encore peu connue, mais qui gagne à l’être. L’air de rien, Jazz et ses congénères font « du bien » aux autres. Et à leur propriétaire au premier chef. « A leur contact, j’ai pris plus d’assurance, c’est une évidence. » La petite fille qu’elle était peut être fière du chemin parcouru.
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