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Quel projet pour la Villa des Prés-Mignons ?
Catégories : Urbanisme, Série Date : mardi 01 juin 2021Cette saison, Le 7 consacre une série aux lieux laissés à l’abandon ou en cours de restructuration dans la Vienne. Le sixième volet est consacré à une « verrue » dans un écrin de verdure, la Villa des Prés-Mignons à Poitiers-Sud.
Après des dizaines d’années de fastes et d’allégresse, cette demeure bourgeoise est devenue une véritable « verrue » au milieu du parc des Prés-Mignons. A tel point qu’en 2014, à l’occasion des élections municipales, le comité de quartier publiait dans son journal Vivre à Poitiers-Sud une lettre ouverte aux candidats. En Une, la photo de la villa barrée du titre « Quel avenir ? » et d’une citation de Jean-Jacques Rousseau : « Si l’on ne détruit pas une « ruine », c’est qu’elle peut encore être utile. » Malheureusement pour ses auteurs, cette missive n’a reçu aucune réponse constructive. La Ville de Poitiers a racheté le bâtiment et le terrain en 1984, pour garder la main sur l’avenir des lieux mais sans réel projet. Ensuite, les nombreuses tentatives menées par les riverains depuis près de quarante ans pour attirer le regard des municipalités successives sont toujours restées vaines. « On a même organisé la dernière fête de quartier juste devant pour la montrer à la nouvelle maire Léonore Moncond’huy et à son équipe », indique Jean-Daniel Sire, secrétaire du comité de quartier. Las… La municipalité admet qu’aucun projet n’est envisagé pour le moment.
« La maison de la sorcière »
A 71 ans, Jean-Daniel est l’une des mémoires du quartier. Ses grands-parents avaient une ferme un peu plus bas. Petit, il se souvient avoir joué au foot dans le parc -alors privé- avec François et Jean-Louis, deux des trois enfants (avec Madeleine) des derniers propriétaires, Léon et Lucy Bonnet-Badillé. En vieillissant, ceux-là ont préféré vendre la demeure pour se rapprocher de leurs enfants à Paris. C’est le grand-père de Léon, Gabriel Badillé, banquier à Fontenay-le-Comte, qui a fait construire en 1882 la Villa Bellejouanne, comme on l’appelait à l’époque, sur un terrain de 7ha légué à son épouse Lucie Pingault.
Un mystère plane encore au-dessus de cette maison. Peu de gens en vie peuvent raconter comment elle était aménagée. Jean-Daniel Sire avoue lui-même « n’être jamais rentré et n’avoir jamais vu de photo de l’intérieur ». Les ouvertures du bâtiment ont été murées en 2000 afin d’éviter les intrusions. Aujourd’hui, les enfants qui rejoignent le centre de loisirs aménagé dans d’anciennes dépendances accélèrent le pas devant « la maison de la sorcière ». Tantôt résidence d’artistes, maison de retraite, siège des Compagnons du Devoir, la Villa des Prés-Mignons a fait l’objet de nombreux projets. Le centre socioculturel Cap Sud a sérieusement imaginé de transformer le lieu en restaurant d’insertion. Le comité de quartier aimerait aujourd’hui le muer en maison des associations… Mais à chaque fois -même si la toiture a été rénovée- les plans se heurtent aux contraintes budgétaires.
Si vous avez des images inédites de la villa, contactez Le 7 sur redaction@le7.info ou au 05 49 49 47 31. Nous les diffuserons sur le site du journal.
Le spectacle de Buffalo Bill
Dès sa construction, à la fin du XIXe siècle, la Villa Bellejouanne a accueilli de grandes fêtes de famille. Certains souvenirs sont parvenus jusqu’à nos jours. Dans l’une des éditions du journal de Poitiers-Sud, on découvre ainsi qu’avant la Première Guerre mondiale, pendant un hiver très rigoureux, l’étang situé le long de la rue Blaise-Pascal s’était couvert d’une épaisse couche de glace, ce qui avait permis à la famille et à leurs amis d’y patiner et d’organiser un bal. Plus fort encore, le comité de quartier rappelle que « la configuration du domaine en amphithéâtre naturel » a été choisie pour recevoir « la tournée européenne du Colonel Cody alias Buffalo Bill ». Le 1er septembre 1905, le spectacle populaire a attiré plus de 20 000 Poitevins, « tous acheminés par le tramway qui venait à l’époque jusqu’aux Trois Bourdons ». Et c’est de cet épisode qu’est née l’idée, en 1991, de donner le nom de William Cody à l’une des principales places de Bellejouanne.
ENVIRONNEMENT
Un chêne de 350 ans couché au sol
C’était un arbre remarquable, l’une des figures emblématiques du parc des Prés-Mignons... Un chêne âgé d’environ 350 ans est tombé le 21 octobre 2019. La sécheresse de l’été et des pluies abondantes ont contribué à le fragiliser. Que faire alors d’un tel spécimen haut de 20 mètres ? Malgré quelques réticences, la décision a été prise de le maintenir sur place, entouré d’un périmètre de protection. Un panneau explique son utilité : « Conserver un arbre tombé au sol offre abri et nourriture à une multitude d’animaux. ... Le bois mort assure un rôle écologique majeur puisqu’un cinquième des animaux forestiers en dépend pour sa survie. Il est également nécessaire à de nombreux végétaux tels que les mousses, lichens et champignons qui l’utilisent comme substrat. »
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jeudi 21 novembre