
Aujourd'hui
Docteur ès lettres en histoire contemporaine, Alain Quella-Villéger s’intéresse « depuis des décennies » à l’œuvre de Jean-Richard Bloch. L’année dernière, la crise sanitaire a rappelé à son bon souvenir une nouvelle écrite par l’auteur, Poitevin d’adoption. « Dans les médias, on parlait beaucoup de La Peste d’Albert Camus, en écho à la pandémie que nous traversons, mais pas du Vieux des routes de Jean-Richard Bloch, se souvient l’ancien professeur d’histoire, qui se refuse toutefois à hiérarchiser les œuvres. Bloch est un excellent écrivain que je veux faire lire. »
En 1911, Jean-Richard Bloch imagina une épidémie meurtrière dans « la Capitale de l’Ouest », en l’occurrence Poitiers. « La ville n’y est jamais nommée mais tous les éléments l’identifient. » Point de Covid ici, mais une fiction sur la peste, saisissante, qu’Alain Quella-Villéger vient de rééditer aux éditions Le Carrelet. Il en a signé la postface. « Les deux premiers tiers du récit sont très réalistes, très impressionnants dans la description de la maladie. Le dernier tiers est une réflexion philosophique, la partie la plus ardue à lire mais aussi la plus pertinente. »
Qu’apprend-t-on d’une telle crise, semble s’y interroger Jean-Richard Bloch. Et après, retrouvera-t-on cette chère « vie d’avant » ? « Ce sont des questions que l’on se pose aujourd’hui », observe Alain Quella-Villéger. Pour l’auteur, une telle épreuve doit poser les bases d’une société nouvelle. « Il nous dit qu’il y a toujours quelque chose de totalitaire dans une crise. Il glisse aussi l’idée qu’on ne peut pas être passif en attendant un retour à la normale, dont on sait que c’est un mythe. Toutes les crises nous apportent des enseignements. » A la lecture de l'actualité des derniers mois, Jean-Richard Bloch apparaît aujourd’hui terriblement « visionnaire ».
À lire aussi ...