A147 : l’union (presque) sacrée

Une grande partie des élus locaux, parlementaires et présidents de chambres consulaires de la Haute-Vienne et de la Vienne se sont réunis hier à Poitiers pour pousser le projet d’autoroute A147 entre Poitiers et Limoges. Et parler aussi des absent(e)s, dont les oreilles ont sifflé.

Arnault Varanne

Le7.info

En période de confinement, les rassemblements de plus de six personnes sont proscrits à l'intérieur, à tout le moins limités. Sauf qu’il existe des exceptions notables, dont l’offensive médiatique des porteurs de projet de l'autoroute A147 entre Poitiers et Limoges qui a eu lieu hier dans les locaux de la Chambre de commerce et d’industrie de la Vienne. Plus d’une quinzaine de parlementaires et présidents de chambres consulaires de la Vienne et des Deux-Sèvres(*) se sont succédé à la tribune pour dire tout le bien qu’ils pensent de cette autoroute concédée. Et surtout montrer « une assemblée politico-économique unie et rassemblée », à quelques mois de la saisine de la Commission nationale du débat public sur le sujet. « L’Etat n’est pas en capacité de financer cet aménagement, notre solution apparaît la seule possible dans un temps relativement court. Il faut que nous montrions que nous sommes déterminés », rappelle Pierre Massy (notre photo), qui a exhumé le dossier lors de son arrivée à la présidence de la CCI de Haute-Vienne et préside l'association A147 Grand Ouest.

Quatre ans et plusieurs études après, on sait que l’ouvrage coûtera 1Md€, dont 350 à 400M€ reviendraient à l’Etat et aux collectivités locales (Région, Départements, agglos). Reste à convaincre toutes les parties prenantes. Et c’est là que le bât blesse. Car ni Léonore Moncond’huy, maire de Poitiers, ni Florence Jardin, présidente de Grand Poitiers, n’ont participé à la conférence de presse d’hier. Pas plus qu’Alain Rousset d’ailleurs... Les deux premières sont opposées à un projet de nouvelle autoroute, « en décalage total avec les évolutions annoncées et souhaitables des mobilités ». Léonore Moncond’huy recevra tout de même le président de la CCI 86 mercredi. Quant au troisième, président de Région et en course pour sa réélection, son nom fut sur toutes les lèvres hier. « Je n’ose croire qu’il ait changé d'idée pour des raisons bassement politiciennes, a ironisé Guillaume Guérin, président de Limoges Métropole et conseiller régional d’opposition (LR) à Bordeaux. La Région ne peut pas être absente des débats. » Les élus limougeauds se rappellent au passage très bien des engagements d’Alain Rousset devant eux. Et n’hésitent pas à citer à l’A65 entre Pau et Langon comme un modèle à suivre. Lequel fut initié par... Alain Rousset.

« Ne pas mettre le train et la voiture en concurrence »

Hors d’autoroute, point de salut entre les deux ex-capitales régionales ? « Déjà, il ne faut pas mettre en concurrence le train et la voiture », répond Emile Roger-Lombertie, maire de Limoges. Le député de la Vienne Sacha Houlié est sur la même longueur d’onde et rappelle que « la ligne Poitiers-Limoges sera rénovée à partir de 2022. Ce projet (d’autoroute), ça fait trop longtemps qu’il est dans les cartons, on attend qu’il soit réalisé ». Le chemin est encore long, mais la volonté est là, embraie Martine Jammet, vice-présidente de la CCI 86 qui évoque la « nécessité de développer l’attractivité territoriale. Mettre deux heures pour faire 120km en 2021, c’est inimaginable ! Nous ne voulons pas devenir le mezziogiorno (sud de l'Italie, ndlr) de la Nouvelle-Aquitaine. » De cette A147 Grand Ouest, on sait encore peu de choses, si ce n’est qu’elle comprendrait huit sorties et que sa viabilité économique serait assurée par un report modal estimé entre 70 et 80% pour les poids lourds et 50 à 60% pour les voitures. Le reste de l’histoire est à écrire. « Le seul tracé sera celui qui colle au plus près de la RN147 », estime de son côté Bruno Belin, sénateur de la Vienne. 

(*) Côté Vienne, le président et la vice-présidente de la CCI 86, Claude Lafond et Martine Jammet, les sénateurs de la Vienne Bruno Belin et Yves Bouloux, le député Sacha Houlié, le président du Département Alain Pichon, les présidents de la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) et de l’Agriculture, Karine Desroses et Philippe Tabarin. Côté Haute-Vienne, le président de la CCI 87 Pierre Massy, le député Pierre Venteau, le maire de Limoges Emile Roger-Lombertie, le président de Limoges Métropole Guillaume Guérin, le président de la chambre d’agriculture 87 Bertrand Venteau, ainsi que les présidents de la CMA 87 et de l’interconsulaire, Jean-Pierre Gros et Eric Faucher. La conseillère départementale Marlène Laloge était en visio.


Relève citoyenne réagit 
Le collectif citoyen La Relève citoyenne a peu goûté le sommet de Poitiers d'hier. Dans un communiqué, ses membres estiment que « l'amélioration des liens entre Poitiers et Limoges mérite mieux qu'une prise en otage de la démocratie par les lobbies des entreprises de travaux publics et des sociétés financières autoroutières ». Ce collectif, soutenu par EELV, La France insoumise, Génération écologie Limousin, Gauche républicaine et socialiste, ne veut pas que les travaux de sécurisation déjà prévus soient retard en raison de ce projet « qui ne ne se fera pas »

 

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