Hier
Le Regard de la semaine est signé Mathieu Chaveneau.
Le monde dans lequel nous vivons est ainsi fait que les adultes d’aujourd’hui ne savent plus trop où ils vont. Un virus est venu bouleverser nos habitudes avec fracas. Depuis un an, beaucoup de gens sont morts, trop de gens sont morts. Au début, nous avons applaudi les femmes et les hommes qui étaient en première ligne, qui nous venaient en aide, admis que nous ne les avions pas assez reconnus depuis longtemps. Nos dirigeants ont eu des phrases flatteuses, parfois fausses ou approximatives, sûrement écrites par des plus jeunes qu’eux pour ne pas en percevoir la profondeur : « Nos jours heureux », « Le masque n’est pas nécessaire », « Cinquante nuances de confinement »...
Il m’est déjà arrivé de me demander quelle était la dernière fois que les membres du gouvernement avaient donné un coup de main pour déménager un ami, préparé à manger pour dix personnes un soir de fête, consolé un enfant après une mauvaise journée d’école ? Tous ces moments qui nous rendent humains, sensibles, empathiques et nous font toucher du doigt une réalité qui n’est pas la nôtre.
Mes enfants, vous faites preuve d’un courage exemplaire et nous, adultes, de bien peu de tolérance. Vous portez un masque toute la journée, sans pause café, vous êtes astreint à des règles de distanciation sociale qui entament votre capacité à construire de vraies relations, vous ne pouvez plus pratiquer vos loisirs et le mot « fête » n’a plus vraiment de sens. Nous savons qu’il faut être raisonnable avec ce fichu virus. Et en même temps, nous mourons intérieurement à petit feu. Je rage, comme beaucoup, de cette gestion de crise. J’ai le sentiment que nous, actifs, ne sommes bons qu’à faire tourner l’économie : aller travailler et consommer (en ligne !). L’école reste ouverte pour permettre aux parents d’aller justement travailler et aux enfants en souffrance d’y trouver un refuge. La culture est reléguée à une simple prestation de service pour consommateurs avertis. Le sport est réservé aux professionnels.
Contrairement à l’an dernier, notre santé est passée au second plan : saturation des hôpitaux, aucune loi sur le télétravail, pas de régulation dans les grandes surfaces ou les transports... Malgré les recommandations de janvier des nombreuses structures et comités scientifiques, le Président est allé récemment jusqu’à s’enorgueillir de ne pas les avoir suivies alors que nous entrons dans une violente troisième vague.
Sachez que nous sommes des millions de Français à ne rien comprendre à la façon dont notre gouvernement gère la situation. Nous avons cru, à un moment, que l’humain, la santé et la solidarité compteraient tout autant que l’économie et que, de cette crise, un nouveau modèle émergerait… Vous, mes enfants, vous êtes l’espoir. Je vous en prie, ne baissez pas les bras. Ayez le courage de vous enthousiasmer et de refuser cette morosité. Gardez au fond de vous l’envie de combattre l’isolement, d’avoir la curiosité du monde et de ne pas juger ceux qui n’emprunteraient pas le même chemin que le vôtre.
CV express
Animateur dans l’âme, ancien directeur de centre social associatif à Paris puis La Rochelle. Dirigeant de KuriOz, ONG d’éducation à la solidarité internationale et au développement durable et militant de l’Economiesociale et solidaire. Ceinture noire et enseignant d’aïkido, musicien, membre actif du Centre des jeunes dirigeants à l’échelle locale et nationale, formateur en intelligence collective. Famille recomposée, papa de trois enfants. Aujourd’hui cofondateur et directeur exécutif de la fondation d’entreprise Libellud. Artisan de formation.
J’aime : les gens qui se battent pour leurs convictions, ceux qui résistent sur le fond et les chercheurs d’équilibre ; mes repas entre amis, les rencontres improbables, les idées folles, le bon temps qui roule ; les récits de voyage et la passion qui émane des enfants lorsqu’ils racontent des histoires.
J’aime pas : la corruption, le racisme, la torture, les guerres d’ego et les visions à court terme.
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jeudi 21 novembre