Aujourd'hui
1 500 distributeurs de protections périodiques gratuites dans les campus à la rentrée, c’est bien, mais à Poitiers, la mobilisation contre la précarité menstruelle n’a pas attendu l’annonce de la ministre de l’Enseignement supérieur.
Ce matin-là, dans les deux salles de la Maison des étudiants de Poitiers occupées par l’opération Kit and Cup, les étudiantes défilent. Elles ont réservé leur kit -deux serviettes hygiéniques réutilisables fabriquées à Melle par PliM- ou leur cup en silicone médical. Gratuites ! D’ordinaire, il faut compter entre 10 et 15€ pour une serviette jetable (durée de vie de 5 ans) et entre 15 et 30€ pour une cup (10 ans). Avantageux sur le long terme mais sur le moment « c’est très cher, alors je me fais un stock petit à petit », confie Nouria, lasse des allergies provoquées par les protections périodiques jetables vendues dans le commerce. « J’avais déjà pensé aux serviettes réutilisables mais le prix m’avait refroidie », confie pour sa part Léa.
La distribution, menée par quatre étudiantes en Sciences fondamentales appliquées (SFA), avec le soutien du Service de santé universitaire (SSU), est un franc succès, un indice aussi de la mobilisation qui gronde. Ce n’est pas un hasard si, le 23 février, la ministre de l’Enseignement supérieur a choisi Poitiers pour annoncer la mise en place de 1 500 distributeurs de protections périodiques jetables et gratuites dans les campus. Depuis quelque temps déjà, la communauté étudiante poitevine s’anime autour de la question de la précarité menstruelle, à travers des projets d’études (SFA, Ensi, Lettres et langues), les actions des étudiantes relais santé, l’enquête réalisée par la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), l’association nationale des étudiants sages-femmes (ANESF) et… l’Association fédérative des étudiants de Poitiers (Afep).
Objectif gratuité
Mené fin 2019, le sondage révèle que 31% des étudiantes ont besoin d’aide pour acheter leurs protections périodiques. Et que près de 2%, à défaut, utilisent du papier toilette ! 48% disent dépenser entre 5 et 10€ par mois, 9% plus de 10€. « Nous voulons la gratuité pour toutes les personnes menstruées et, au-delà, faire tomber le tabou des règles », note Fanny Toussaint, présidente de l’ANESF.
A l’échelle de l’université poitevine, le SSU aussi « veut aller plus loin ». Françoise Hadjadj, infirmière coordinatrice, aspire à ce que « les protections périodiques soient banalisées, comme le papier toilette ou le savon ». Plus encore, « à terme, il faudrait des toilettes non genrées », avance Stéphanie Tabois, enseignante-chercheuse en Staps, référente égalité-diversité. Pour lutter contre l’invisibilisation. « On a toutes pris dans notre sac une serviette ou un tampon que l’on a caché dans sa manche ! lance-t-elle. Ce n’est pas seulement une question de précarité menstruelle mais d’égalité. » Sur les campus et ailleurs.
Plus d’infos sur Instagram @cupinespoitiers ; Facebook Etudiants relais santé-Université de Poitiers.
A Poitiers, le CCAS se mobilise Au CCAS de Poitiers, la question de la précarité menstruelle a donné naissance à l’opération « Gentils coquelicots mesdames ». Portée par les bénéficiaires, elle prend durant tout le mois de mars la forme de boîtes de collecte de protections périodiques installées à la mairie, dans ses annexes, à la médiathèque, à l’Ensma, à Science Po, dans des centres commerciaux… « Au-delà de collecter, il est important de sensibiliser, note Coralie Breuillé-Jean, adjointe aux Solidarités. On estime à 2 millions le nombre de femmes souffrant de précarité menstruelle. » En France, le coût des règles (protections et antidouleur) est estimé à 3 800€ pour une vie, de 13 à 50 ans. |
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