mardi 24 décembre
Sur une île de Bretagne, des femmes s’attachent à tenir leurs hommes éloignés d’un terrible secret. Six ans après la parution du tome 1, Didier Quella-Guyot replonge dans l’univers de Facteur pour femmes. Le scénariste installé près de Poitiers s’en explique.
Didier, qu’est-ce qui a motivé ce tome 2 de Facteur pour femmes ?
« Au départ, je n’avais pas prévu de faire une suite. C’est en discutant avec mon épouse que je me suis demandé ce que pouvaient devenir ces femmes après tout ce qu’elles avaient vécu. L’idée a fait son chemin puis j’en ai parlé à l’éditeur (Grand Angle). Cette fois, j’ai axé mon travail d’écriture sur les personnages féminins, sur différents destins, différentes rébellions et relations entre elles pour ne pas faire éclore leur secret. Je voulais d’ailleurs Femmes du facteur comme titre pour cette suite. »
Etait-il délicat de revenir
à cet univers, tant d’années après sans l’avoir prévu ?
« La difficulté était de faire un récit qui ne soit pas complètement éloigné du premier. J’avais d’abord imaginé consacrer un chapitre par femme, mais c’était trop différent du tome 1. Puis j’ai trouvé qu’il n’était pas inintéressant de les lier entre elles, en restant sur les mêmes tensions. Comme le premier livre a reçu un bon accueil (écoulé à
25 000 exemplaires, ndlr), il ne fallait pas décevoir. C’est une pression que je me suis infligé. Et puis, le dessinateur a changé (Manu Cassier a remplacé Sébastien Morice, ndlr). Un peu comme quand on change l’acteur d’une série, la grande inconnue est de savoir si ça va accrocher. Pour un lecteur, ça peut être surprenant. »
Le tome 2 affiche un propos féministe plus assumé, dans l’air du temps…
« Ce n’était pas une intention, même si ça rejoint ma vision des choses. Les femmes du début du XXe siècle devaient soit se soumettre au poids de la famille ou de la religion, soit résister comme dans certaines situations du tome 1. Après la Première Guerre mondiale, est-ce que tout pouvait redevenir comme avant ? Les hommes en reviennent complètement changés, les femmes ont, elles, trouvé de nouvelles libertés… J’avais envie de raconter comment ces deux mondes se retrouvent. Si je suis plus attaché aux personnages féminins ? Disons que je trouve les femmes plus complexes, moins prévisibles que les hommes dans la vie. Elles ne font pas des choix basés sur la violence. »
Vous écrivez des scénarios de bande dessinée depuis vingt ans. Qu’appréciez-vous tant dans le 9e art ?
« J’ai toujours été passionné par la BD, j’adore regarder du dessin. Je suis moins attiré par le cinéma car l’image cinématographique n’est qu’une copie. Dans le dessin, il y a une énorme variété de traits, de personnalités, que je trouve passionnante. Le travail de mise en scène, de découpage des cases est aussi une mécanique intéressante à faire. Et puis il y a la surprise des planches lorsqu’elles vous arrivent… Tout d’un coup, on devient le premier lecteur, c’est un énorme plaisir. C’est avant tout un travail d’équipe. »
Quels sont vos prochains projets ?
« Début mai sortira Halifax, mon chagrin aux éditions Félès. Il s’agit d’une histoire policière illustrée par Pascal Regnault, autour de l’énorme explosion d’un bateau de munitions en 1917 dans le port de Halifax, en Nouvelle-Ecosse. J’aime avoir un arrière-plan documentaire, c’est une façon de se cultiver. J’écris pour apprendre des choses. Et avec mon frangin Alain, nous travaillons actuellement sur une bande dessinée retraçant les voyages du romancier Pierre Loti. Elle sera également illustrée par Pascal Regnault et devrait sortir en 2022. »
Facteur pour femmes - Livre 2, aux éditions Grand Angle. Prix : 18,90€
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