Depuis neuf mois, le CHU de Poitiers (*) lave son linge sale à Mignaloux-Beauvoir, sur la zone de Beaubâton. Sa blanchisserie ultra-moderne ouvrira ses portes au grand public samedi, entre 10h et 18h. La visite vaut le coup d’œil.
Savez-vous combien de litres d’eau il faut pour laver 1kg de linge ? Chez vous, une quinzaine. Dans la blanchisserie du CHU, seulement 4 litres. « Bien sûr, nous sommes de gros consommateurs d’eau avec 100m3 par jour, admet Hervé Dumoulin. C’est l’équivalent de la consommation annuelle d’une famille. » Mais le responsable de la blanchisserie s’empresse de préciser que les économies d’énergie ne sont pas très loin. « En réalité, nous nous servons des calories des eaux que nous rejetons (entre 40 et 60C°, ndlr) pour chauffer l’eau du réseau, qui entre à 11C°. » A la clé, moins de gaz utilisé.
Un concept canadien
Ce n’est pas la seule innovation de cette unité née au printemps 2017 (16,5M€), dont la capacité maximale s’élève à 18T par jour. L’ancien responsable industriel d’Autoliv a ramené du Canada un processus unique en France : le « tri propre et sec ». Autrement dit, aucun des agents de la blanchisserie (56 personnes) ne manipule du linge sale. Quoi d’autre ? « Avant, nous avions de grosses machines pour repasser le linge. Aujourd’hui, il est séché et plié. Ce que nous perdons en qualité visuelle, nous le gagnons en confort pour les agents. » La troisième nouveauté concerne les draps utilisés, là aussi un concept importé de Montréal. Exit les modèles plats, bienvenus aux draps housse équipés de plis d’aisance, pour permettre aux patients de se mouvoir facilement dans leur lit. Le renouvellement est en cours, avec un investissement estimé entre 500 000 et 750 000€.
Traçabilité totale
Au-delà, la blanchisserie du CHU de Poitiers lave au quotidien quelque 6 000 tenues professionnelles, une tonne de linge de ménage, ainsi que les vêtements des résidents des Ehpad dont il assure la gestion. Chaque pièce est identifiée, soit par puce électronique, soit par un système de code barre. De leur entrée à leur mise sous film plastique, difficile d’égarer les vêtements. Il faut dire que les besoins ne laissent pas de place à l’improvisation. Du lundi au vendredi, de 7h à 19h30, deux équipes se relaient pour assurer le bon fonctionnement du site. Et une noria de camions dépose le linge sale et le ramène sur site, dans chacun des services, en fonction des besoins. « Vous savez, en salle d’opération, on peut changer les draps jusqu’à huit fois par jour ! », précise Hervé Dumoulin. Il y a de fortes chances que les Poitevins soient ravis de découvrir ces coulisses, samedi.
(*) Y compris les hôpitaux de Lusignan, Montmorillon et du CH Laborit.