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Le menu de Sébastien Boireau
Chef du restaurant gastronomique Papilles, à Poitiers, Sébastien Boireau vous propose un repas de fête réussi pour tous les porte-monnaie.
Cette semaine, Thomas Zaranek entame un nouveau chapitre de sa vie professionnelle. Hypnothérapeute depuis cinq ans, à Chasseneuil, le quinquagénaire a beaucoup souffert de la crise sanitaire. « Je me suis posé beaucoup de questions avant l’été car la clientèle a dégringolé. C’est reparti un peu mais je ne pouvais plus gagner ma vie. » Alors l’intéressé a choisi de devenir boulanger, s’est formé auprès de la Pétrie, un meunier indépendant. Et ouvre donc cette semaine son magasin à Naintré. « Un peu autodidacte », Thomas a déjà négocié « plusieurs virages professionnels ». Mais celui-là a été dicté par la Covid-19.
A 29 ans, Nicolas Robineau a lui aussi franchi le pas. En 2020, il aurait dû effectuer sa sixième rentrée comme assistant d’éducation dans un collège du Châtelleraudais. Las... Le printemps « covidé » a eu raison de sa motivation. « Disons que j’étais déjà dans une période de réflexion sur mon avenir, avance-t-il. Et reprendre dans les mêmes conditions, ça ne me tentait pas. » Le néo-propriétaire a ainsi rejoint une entreprise de peinture. « J’ai pas mal travaillé dans ma maison pendant le confinement. Cela m’a donné le goût du bricolage. Et l’un de mes amis peintre cherchait quelqu’un. J’ai dit : pourquoi ne pas essayer ? » Une reconversion facilitée par les aides à l’apprentissage. Nicolas devrait obtenir un CAP dans les mois à venir et envisage même de poursuivre sur un brevet professionnel. « Même si j’ai moins de temps, je ne regrette pas une seconde mon choix. »
A La Poste aussi, on trouve des reconvertis. Pendant dix ans, Sabrina Vilain a travaillé « dans le social », avec en parallèle une activité de sophrologue. Mais « un pépin de santé et la crise » ont tout bousculé. La voilà aujourd’hui factrice, au moins jusqu’en juillet. « Un gros virage » qui lui a permis de prendre conscience qu’elle était « capable de faire autre chose ». Son collègue Bruno Waflard a, lui, refermé en août 2020 un chapitre de dix-neuf ans dans le commerce en centre-ville de Poitiers. Au-delà de la crise sanitaire, « j’en avais ras-le-bol… ». A quatre ans de la retraite, il a forcément eu « une période d’appréhension ». Mais ses doutes se sont dissipés.
Dans les CFA gérés par la Chambre de métiers et de l’artisanat, il est encore « un peu tôt » pour mesurer l’effet Covid-19 sur les reconversions. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que le nombre d’apprentis a progressé de 5% et que certaines sections en difficulté, la boucherie par exemple, retrouvent des couleurs. Rien d’étonnant après tout car les dispositifs de transition professionnelle encouragent les mobilités. D’après une étude réalisée par l’institut BVA, près d’un actif sur cinq se questionne sur un éventuel changement de vie professionnelle.
L’Adie de la Vienne, bien connue pour ses microcrédits, a accompagné 100 projets de création de micro-entreprises en 2020, dont la moitié était portée par des personnes en reconversion. « Cette tendance, déjà bien présente, s’est accélérée avec la Covid, selon son directeur territorial Hicham Bouarfa. Le contexte joue beaucoup sur leur décision. Certains doivent continuer à vivre après avoir perdu leur emploi, d’autres veulent donner du sens à leur travail et devenir indépendants. » Même constat à l’Espace régional d’informations de proximité (hébergé par la Mission locale du Poitou), où les rendez-vous dédiés à la reconversion professionnelle ont rencontré un vif succès.
Avec la persistance des effets de la crise sanitaire, il y a fort à parier que le temporaire va se transformer en durable. D’ailleurs, entre janvier et novembre 2020, 4 800 demandeurs d’emploi sont entrés en formation, un chiffre en hausse de 2% par rapport à 2019. Et deux des trois domaines les plus sollicités concernent l’échange et la gestion, notamment autour de la création d’entreprise, et les services à la personne.
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