Hier
Trois cents Marsouins du RICM s’envolent aujourd’hui pour le Sahel, dans le cadre de l’opération Barkhane. Ils assureront trois types de mission sur place, à l’heure où des voix s’interrogent sur l’opportunité de prolonger la présence militaire française, huit ans après les premiers déploiements.
Après six mois d’un entraînement intense, entre leur fief de Poitiers et le camp de la Courtine, dans la Creuse, les troupes du RICM embarquent aujourd’hui direction la bande sahélo-saharienne. Trois cents Marsouins seront répartis entre les différentes implantations de la force Barkhane. Ce sera la cinquième mission du régime le plus décoré de France, après 2013, 2015, 2017 et 2019. Avec une menace accrue, alors que cinq militaires -cinquante-et-un en huit ans- ont disparu entre décembre et janvier ? « Je ne pense pas qu’elle soit plus importante aujourd’hui, répond le colonel Serge Camus. En 2017 et 2019, le minage de circonstance était déjà le principal danger, même si des confrontations avec des groupes terroristes armés peuvent exister. »
« Rétablir un climat de confiance »
Pendant quatre mois, les Marsouins devront s’acquitter de trois missions principales : contribuer à assurer la sécurité dans les zones où ils sont déployés en luttant contre les groupes terroristes, poursuivre la formation des armées partenaires et, indirectement, « rétablir un climat de confiance auprès des populations pour que la vie économique reprenne. Cela peut se traduire par la construction d’un marché, le rétablissement d’un puits d’eau, un appui médical... »
« Eprouver les corps »
Cette nouvelle mission, le RICM l’a « particulièrement bien préparée », en dépit d’un contexte sanitaire « appelant à la plus grande vigilance, dixit le chef de corps. L’un des axes majeurs était de travailler sur la rusticité et l’aguerrissement. En ce sens, le fait que nous ayons rencontré la neige au camp de la Courtine a contribué à éprouver les corps. Nous retrouverons un climat à l’autre extrémité sur place. » Actions collectives et individuelles, formation sur de nouveaux matériels, notamment des moyens de transmission satellitaire, déroulement d’exercices sur des engins explosifs improvisés, coordination avec les hommes du 9e BIMa... Rien n’a été oublié, pas même la « montée en puissance physique du personnel » avec des exercices de renforcement musculaire. La Covid-19 n’a jusque-là pas joué les trouble-fête, mais « c’est une préoccupation permanente », ajoute le colonel Camus. Ça le restera d’ailleurs sur place où masques, gel hydroalcoolique et distanciation seront de rigueur.
Quoi qu’il en soit, à l’heure où de plus en plus de voix s’interrogent sur l’opportunité de maintenir des troupes françaises sur place(*), le RICM ne doute pas de l’efficacité de sa mission. « Si on laisse nos camarades (africains, ndlr), on va retourner à la situation hantée d’avant 2013. Dans les zones du Mali et du Niger où la force Barkhane n’est pas présente, les populations subissent la loi des groupes armés. »
(*)Un nouveau sommet du G5 Sahel se déroule depuis lundi à N’Djamena.
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