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A 29 ans, Ngoc Tra My Moan a décroché la bourse Josy Reiffers qui va lui permettre d’intégrer le laboratoire Inserm U1082 de Poitiers. Son axe de recherche : l’impact des cellules immunitaires T CD8 dans la lutte contre la leucémie myéloïde chronique.
L’annonce est arrivée pile au bon moment. Début décembre, l’une des trois bourses Josy Reiffers a été attribuée à Ngoc Tra My Moan. Ces 75 000€ vont permettre au laboratoire Inserm U1082 installé à Poitiers de financer son axe de recherche et, surtout, de lui verser un salaire pendant dix-huit mois. Sans cette manne très attendue, cette docteure en immunologie de 29 ans, diplômée depuis février, n’aurait jamais pu bénéficier d’un poste ici. Co-créée en 2019 par la Fondation d’entreprises Bergonié, la Région Nouvelle-Aquitaine, la Ville et la Métropole de Bordeaux, cette bourse a vocation à encourager de jeunes chercheurs prometteurs. Cette fois, son conseil scientifique a récompensé un projet poitevin -une première !- porté par une post-doctorante en cancérologie.
Une cellule qu’elle connaît bien
Le Pr Jean-Marc Gombert était présent à la remise du prix. Le co-responsable du groupe de recherche « Irati »(*) ne tarit pas d’éloges sur sa nouvelle recrue : « C’est un soutien important pour notre équipe de pouvoir recruter Ngoc Tra My Moan, qui a déjà de l’expérience et une bonne compréhension de la différenciation des lymphocytes T CD8 impliqués dans la réponse anti-tumorale que nous étudions. » Depuis de nombreuses années, cette équipe « Irati » se concentre sur la leucémie myéloïde chronique, un cancer du sang qui touche les cellules de la mœlle osseuse et perturbe la production des globules blancs chargés de protéger notre organisme des agents infectieux. A cause d’altérations génétiques, ces globules blancs dits immatures deviennent même tumoraux. La solution ? Administrer un cocktail de médicaments qui détruit tout sur son passage. Le traitement est efficace mais il est long, coûteux et engendre des effets secondaires importants. Un patient sur deux rechute en cas d’arrêt. Reste à savoir pourquoi. Face à cela, l’équipe poitevine cherche à booster le système immunitaire en s’appuyant sur des cellules T innées qui patrouillent continuellement dans notre corps pour combattre l’éventuelle apparition de cancers. Et parmi elles, figurent les lymphocytes Temra CD8 que Ngoc Tra My Moan connaît bien : « Au cours de ma thèse réalisée au sein du laboratoire nantais U1064, spécialisé dans les transplantations rénales, j’ai travaillé sur la T CD8 qui se multiplie chez les patients présentant un risque de rejet du greffon. De la transplantation, je suis passée à l’oncologie. »
Arrivée du Vietnam en 2009 pour suivre des études supérieures, Ngoc Tra My Moan démontre une motivation à toute épreuve : « L’oncologie est un sujet chaud, en pleine évolution, qui a besoin de beaucoup de recherche. Mon travail peut avoir des applications directes sur la découverte de médicaments. » Son français est impeccable. Il faut dire qu’elle a commencé à l’étudier dès l’école primaire. La France était pour elle une évidence. Cette bourse renforce encore un peu plus l’envie de cette jeune maman de rester dans la région.
(*) L’équipe « Irati » (ImmunoRegulation, Alarmins and Innate T cells) appartient au laboratoire Inserm U1082, plus connu sous le nom de Irtomit, référence en matière de transplantation rénale, dirigé par le Pr Thierry Hauet.
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jeudi 21 novembre