mardi 24 décembre
Dans une récente étude réalisée sur trois types de masques chirurgicaux, UFC-Que choisir affirme qu’ils supporteraient dix lavages sans perdre de leur pouvoir de filtration. Une bonne nouvelle pour l’environnement et le porte-monnaie. Mais…
Et si les masques chirurgicaux étaient lavables ? L’association de consommateurs UFC-Que choisir a fait le test sur trois types de ces masques qui ont véritablement inondé le marché face à la crise sanitaire. Il ressort de cette étude empirique qu’ils pourraient être lavés dix fois à 60°C, avec un repassage doux, sans perdre leurs qualités de filtration. Et ce tout en restant respirables. L’environnement comme le porte-monnaie des ménages, à raison de 10 à 60 centimes le masque, ne s’en plaindraient sans doute pas.
Pharmacienne hygiéniste au CHU de Poitiers, Sarah Thévenot nuance toutefois ces conclusions. « Le masque chirurgical est un dispositif à usage unique, vendu et commercialisé pour un usage unique, ce qui constitue un premier frein réglementaire, rappelle-t-elle. D’autre part, pour valider cette étude, il faudrait la mener en vie réelle, avec les contraintes qui sont imposées au masque quand on le porte véritablement : étirement, manipulations… »
Bien sûr, avec 90 à 100% de capacité de filtration des particules de plus de 3 microns (une gouttelette expulsée par la bouche ou le nez est estimée à 5 microns) après dix lavages, « le niveau de filtration reste intéressant », convient Sarah Thévenot. Néanmoins, « les masques chirurgicaux sont constitués de couches de polypropylène et d’un média filtrant, lesquels offrent une rétention mécanique mais aussi un effet électrostatique, comme un aimant, sur les micro-particules. Or, on sait qu’au contact de l’humidité, de températures élevées et de produits lessiviels, on perd la charge électrostatique. Cela reviendrait, dans le milieu médical, à réutiliser des seringues après les avoir décontaminées. »
La bonne question
Au laboratoire Bio86, en charge des tests Covid dans la Vienne, « on ne s’est même pas posé la question, convient Barbara Losfelt, l’une des biologistes. Ce genre de masques n’est a priori pas fait pour être lavé. D’ailleurs, dès qu’il est mouillé, on le change afin de garantir son imperméabilité. » Pour Sarah Thévenot, la vraie question est tout autre. « Ne devrait-on pas plutôt se demander si les masques chirurgicaux doivent être utilisés par la population générale ? Les masques en tissu UNS (ndlr, à usage non sanitaire) catégorie 1 ont une qualité de filtration suffisante… et ils sont lavables cinquante fois ! » De plus, selon l’avis du 29 octobre du Haut Conseil de la santé publique, un lavage à 40° suffirait pour les décontaminer.
Effet pernicieux de l’abondance de masques, l’attention porté au lavage des mains a sensiblement décru. Selon une étude menée par Ifop à l’occasion de la Journée du lavage des mains, le 15 octobre, 86% des Français se lavaient les mains en rentrant chez eux au printemps, contre 63% seulement en octobre. Or, rappelle Sarah Thévenot, « le masque n’est pas magique ».
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