mardi 24 décembre
Afin d’éviter une saturation des services hospitaliers, l’accompagnement à domicile des patients Covid est privilégié par tous les acteurs de santé de la Vienne.
« Nous devons construire une digue pour protéger l’hôpital. » L’image employée par Jean-Luc Pefferkorn, responsable de la Plateforme territoriale d’appui (PTA), est forte. Elle est à la mesure des chiffres de la deuxième vague de la Covid-19 qui déferle sur la Vienne. Elle contraint les acteurs de santé à naviguer à vue. « Ça bouge tous les jours », constate Anne Costa, la directrice du CHU de Poitiers. Depuis début novembre, le nombre de patients Covid hospitalisés est passé de 70 à plus de 150. Dont 70 en gériatrie. A ceux-ci s’ajoutent les résidents suivis en Ehpad par le service d’Hospitalisation à domicile.
« Depuis le début de la deuxième vague, nous sommes intervenus dans une dizaine d’établissements, auprès de plus de 70 résidents, précise le Dr Imane Saleh, cheffe du service d’HAD. Cela permet de raccourcir la durée d’hospitalisation, mais cela peut aussi éviter à des patients de passer par la case hôpital. Pour les personnes âgées, le transfert peut être source de confusion, de complications cutanées comme des escarres, de stress... Nous intervenons à partir du moment où le patient désature, qu’il a besoin d’oxygène. Il reçoit exactement les mêmes traitements qu’à l’hôpital : de l’oxygène, des corticoïdes à fortes doses et une anti-coagulation. Par ailleurs une permanence de soins est assurée 24h/24. »
Le maintien à domicile est aussi le maître-mot des acteurs de santé dits « de premier recours ». Une véritable chaîne de solidarité interprofessionnelle s’est créée afin d’éviter la saturation des services hospitaliers. « La première vague ayant été moins accentuée dans notre département, nous avons eu le temps de nous préparer », note le Dr Franck Duclos, président du Conseil de l’Ordre des médecins. « Nous avons re-priorisé nos missions autour de la Covid-19 », confirme Jean-Luc Pefferkorn.
Garder le lien
Du dépistage au suivi, en passant par les soins, les professionnels privilégient une réponse à domicile, physique comme psychologique. Les personnes que la PTA identifie comme étant dans l’impossibilité de se rendre à un drive sont dépistées chez elles. « Depuis le mois de juillet, nous avons réalisé plus de 200 tests à domicile, souligne François-Xavier Roussel, l’un des porte-parole d’un collectif de 160 infirmiers libéraux volontaires. Nous avons également des infirmiers cliniciens, qui apportent à distance un soutien psychologique. »
En tant que coordinatrice, la PTA s’assure que les patients positifs ne sont pas livrés à eux-mêmes et, surtout, qu’ils gardent un lien avec leur médecin traitant. « Dans la Vienne, le choix a été fait de ne pas avoir de centre Covid », souligne Jean-Luc Pefferkorn. En partenariat avec la Croix-Rouge, la PTA gère également la Cellule territoriale d’appui à l’isolement en direction des patients Covid esseulés (pour les courses alimentaires, médicaments…) ou qui ne peuvent rester à leur domicile (sept début novembre). Pour autant, elle n’en néglige pas les autres malades et porte une vigilance toute particulière à leurs aidants. « Si un aidant à domicile n’est plus en capacité de tenir son rôle, ce sont deux personnes qu’il faudra hospitaliser », analyse Jean-Luc Pefferkorn. Alors la digue, fragile, risquerait de rompre.
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