Le Regard de la semaine est signé Pascal Pérennès, qui s'adresse à nous sous la forme d'un poème...
L’homme est un ingénieur, pas un philosophe. C’est désormais un virus qui l’oblige à le devenir. Mais comment passer de l’ingéniosité à l’intelligence ? L’idéal pour y réfléchir, serait peut-être un reconfinement différent ? Cette fois-ci choisi, préparé, actif, concerté, voté, au moins plusieurs mois à l’avance… Où en serons-nous demain ou du 17 mars au
11 mai 2021 ? Le 7 paraîtra-t-il encore ? Nous sommes encore trop sous le choc du bouleversement que nous vivons et pas prêts à exprimer notre bonheur (commun) d’être vivants. Je refuse d’être amnésique, énervé et triste. Relativisons, essayons, de ne pas nous laisser envahir par nos peurs, nos frustrations et nos tensions, si légitimes au regard du climat ambiant… L’heure est à la crise, pas à la joie d’être instruit, efficient, amoureux… Plus que jamais, même si c’est dur, affirmons nos grandes capacités d’adaptation. Pour initier ce chemin optimiste, je vous propose cette petite chansonnette…
Ce matin à mon réveil
Tous les oiseaux m’entouraient
J’avais cru monts et merveilles
Mais c’était réalité.
Profitant de mon sommeil
Ils m’avaient tous approché
Curiosité en éveil
À leur tour ils m’observaient
Ils se rendaient la pareille
D’une pudeur envolée
Qui m’avait dressé l’oreille
Sur leur plaisir enchanté.
Je n’ai pas eu d’appareil
Qui m’eut permis de garder
Ce moment où la corneille
S’avança pour me lancer :
« Pourquoi tant tu nous surveilles ?
Nous on sait se débrouiller
Pour respecter le soleil
En appréciant ses journées.
Utilise plutôt ta veille
Pour tes amis enfiévrés
Qui se gorgent de l’oseille
En nous parlant de progrès.
Ils saccagent toute la corbeille
De Nature, à partager,
En nous donnant des conseils
Qu’ils ne savent pas appliquer. »
Je suis bien d’accord ma vieille :
Si je vous ai tant scrutés
C’est pour qu’enfin ils s’éveillent
À pouvoir vous écouter.
À ce bourdonnement d’abeille
Ils se sont tous envolés,
Me laissant quelques groseilles
En échange de leur gaieté.
Le jour, droit comme une bouteille,
Prouve que je n’ai pas rêvé :
Les oiseaux jaunes ou vermeils
Veulent un ciel toujours bleuté.
CV express
Pascal Pérennès. 55 ans. Marié, trois enfants. Professionnel de la mise en œuvre d'une politique du cinéma pour une collectivité territoriale depuis vingt-trois ans. A écrit, produit et réalisé le moyen métrage OUI, sorti en 1995, premier volet d'un triptyque dont les deux autres volets s'intituleront NON et Peut-être...
J’aime : la vie, la Terre, les arts, serrer ma femme dans mes bras, Paul Valéry, le thé, accepter sa finitude, les parfums légers, Duke Ellington, les tomates, l'ironie (surtout picturale), les alexandrins et la Bossa Nova.
J’aime pas : les pubs radio, l’égoïsme, les extrêmes et, surtout, l'acceptation fataliste face aux vanités, à la cupidité et aux hypocrisies. Cette acceptation est désormais résumée dans différentes formes de déni vis-à-vis d'un monde bouleversé.
DR Sébastien Laval