Aujourd'hui
Le menu de Sébastien Boireau
Chef du restaurant gastronomique Papilles, à Poitiers, Sébastien Boireau vous propose un repas de fête réussi pour tous les porte-monnaie.
Comment allons-nous finir cette année 2020 ? Des efforts nationaux et locaux se dessinent à grand renfort de dispositifs : emploi, économie, tourisme… Une raison de faire bouger les lignes : la jeunesse. Car aux 750 000 jeunes qui se retrouvent sur le carreau aujourd’hui, il faut ajouter les centaines de milliers déjà en galère depuis de nombreuses années.
Sauf que le contexte est terrible et rien ne dit que 2021 sera de meilleure facture. Alors que nous avons connu des politiques globales qui ont soutenu leur insertion dans les années 2000 (emplois-jeunes, emploi aidés, formations...), nous peinons aujourd’hui à construire une réponse à l’échelle des problèmes que rencontre notre jeunesse. Aucune solution systémique ne voit le jour en 2020, pas d’extension du RSA pour les jeunes, des Missions locales sous-dotées, des écoles, universités ou centres de formations d’apprentis vétustes. La maison que nous avons construit à nos enfants prend l’eau de toute part et nous nous occupons de tondre la pelouse.
Malheureusement, une équation supplémentaire vient s’ajouter à tout ça. Comment concilier emploi et pivot économique? Car, soyons réalistes, la crise climatique risque de nous balayer. Nos modes de vies et ceux de nos enfants seront radicalement différents. Dans dix ans seulement, en 2030, Bordeaux aura le climat de Séville ! Nous rendons-nous bien compte de ce que cela signifie ? Autrefois, lorsque le moment était venu, les tribus nomades préparaient leur voyage avec des éclaireurs issus de leurs rangs. La Convention citoyenne sur le climat a posé des solutions acceptables par les Français. Ne faudrait-il pas les mettre en œuvre à notre échelle locale si le gouvernement ne bouge pas ? C’est un enseignement important, agir local, ici et maintenant.
Dans ce contexte, les jeunes Poitevins devraient être notre priorité. Pour construire des avions, il nous a fallu faire croître dans le cœur de l’Homme l’envie farouche de voler. Ce sont des jeunes inventeurs qui ont fabriqué et testé les premières ailes. Que faudrait-il aujourd’hui pour qu’ils révolutionnent nos perspectives et nos limites ? Que faire ici, chez nous, avec eux, avec tous les adultes chefs de tribus ?
Je n’ai pas de réponse toute faite, mais construire « le désir de voler » de notre jeunesse est à mes yeux un chemin. Une idée à débattre pour conclure. Pourrions-nous élaborer un
« Plan de transmission intergénérationnel massif des savoirs et savoir-faire » pour faire grandir leur désir de voler ? Faire exploser les frontières de l’enseignement, de l’apprentissage, de l’école, ici, dans la « capitale de l’éducation » ? Cette transmission pourrait être au cœur d’un plan local pour l’emploi des jeunes grâce aux seniors, aux entreprises engagées et aux services publics de formation. Poitiers, capitale de l’éducation, du jeu, de la transmission… de la jeunesse ? S’il y a des volontaires, j’en suis. Et vous ?
CV express
Animateur dans l’âme, ancien directeur de centre social associatif à Paris, puis La Rochelle. Dirigeant de KuriOz, ONG d’éducation à la solidarité inter- nationale et au développement durable, militant de l’Economie sociale et solidaire. Ceinture noire et enseignant d’aïkido, musicien, membre actif du Centre des jeunes dirigeants à l’échelle locale et nationale, formateur en intelligence collective. Famille recomposée, papa de trois enfants. Aujourd’hui cofondateur et directeur exécutif de la fondation d’entreprise Libellud. Artisan de formation.
J'aime : les repas entre amis, les rencontres improbables, les idées folles, le bon temps qui roule !, la passion qui émane des enfants lors- qu’ils racontent des histoires.
J’aime pas : la corruption, le racisme, la torture, les guerres d’égo et les visions à court terme.
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