Comment Sorégies se digitalise

Gestion des réseaux, intégration des énergies renouvelables, échanges avec les clients... Spécialiste de l’énergie, le groupe Sorégies est en train d’opérer une mue spectaculaire sur le front numérique. Une nécessité.

Arnault Varanne

Le7.info

Avec près d’un siècle d’existence, Sorégies présente toutes les caractéristiques d’un groupe solide et ancré sur son territoire. De fait, le fournisseur d’électricité et de gaz alimente près de 200 000 clients résidentiels et professionnels dans la Vienne. Sauf que le monde de l’énergie a changé comme jamais au cours de la dernière décennie et que sa dérégulation (ouverture du marché, fin du tarif réglementé, séparation des activités, développement des énergies renouvelables...) nécessite une agilité maximale. D’où la digitalisation en cours de toutes les strates du groupe. « C’est essentiel pour mieux servir nos clients et maîtriser notre destin dans un environnement incertain », assure Frédéric Bouvier, le directeur général du groupe. Il prend pour exemple le système d’information, outil essentiel de pilotage pour « développer très vite une multitude de situations tarifaires correspondant aux besoins des clients ».

Des métiers techniques aux commerciaux, les quelque 
500 collaborateurs de Sorégies sont aujourd’hui concernés par cette digitalisation. Que le déploiement des compteurs intelligents a fortement accélérée. De façon moins visible pour le grand public, la part grandissante des énergies renouvelables(*) dans la production d’électricité nécessite aussi une expertise technique ultra-pointue. D’autant que « 51% des électrons qui circulent sur notre réseau (12 500km, ndlr) proviennent des énergies renouvelables. En France, nous sommes à 23% »,
 abonde le dirigeant. Ce qui signifie, là encore, une maîtrise parfaite des flux de production. Une éolienne, c’est une évidence, ne fournit de l’électricité que lorsque ses immenses pales se déploient. 


Un enjeu de recrutement

En « secret » donc, une équipe d’ingénieurs pilote le réseau, autrement dit s’efforce de faire correspondre les besoins de consommation et le volume de production. « Les outils de prédictibilité et d’aide à la décision basés sur l’intelligence artificielle sont fondamentaux », reprend le directeur général. Ce bureau de conduite d’une dizaine de collaborateurs nécessite des compétences particulières. C’est là que le volet recrutement -50 personnes par an- intervient. « On est de plus en plus une entreprise de cadres et d’ingénieurs, c’est une petite révolution... » Histoire d’attirer des talents de toute la France, Sorégies s’efforce de nouer des liens avec des instituts de formation, de s’afficher sur les réseaux sociaux et a même créé un partenariat avec l’université de Poitiers autour d’un laboratoire commun dédié aux algorithmes. 


Le souffle de la transformation digitale s’est évidemment accéléré avec le confinement pendant lequel le télétravail a fait irruption du jour au lendemain. « Nous n’avions ni la culture ni les outils, reconnaît Frédéric Bouvier qui est arrivé... début mai. Cela nécessite un management plus collaboratif et responsabilisant. Les salariés sont plutôt partants. Nous allons le déployer au premier semestre 2021 à raison d’un à deux jours par semaine, sur la base du volontariat et en veillant à trouver le bon équilibre. » Ce qui vaut pour l’organisation vaut pour le maillage territorial. Pas question de fermer des agences sur le terrain qui sont « essentielles »« Mais on doit parler à nos clients différemment... »


(*) Le groupe compte 40 hectares de centrales photovoltaïques, 13 parcs éoliens, 27 centrales hydroélectriques et quatre unités de méthanisation/biogaz.

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