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En baisse constante dans la Vienne, les surfaces viticoles ne traduisent pas la réalité d’une filière dynamique, attachée à son terroir et soucieuse de se démarquer, à travers les AOP et IGP, le bio ou le renouveau de vieux cépages.
Malgré la sécheresse, le mildiou, l’oïdium et autres fléaux, la filière viticole départementale résiste. Entre l’AOC Haut-Poitou (600ha) au centre et l’AOC Saumur (430) au nord, l’IGP Val de Loire et les vins de Pays (114ha), elle se porte même plutôt bien, en dépit de chiffres qui pourraient suggérer le contraire. Certes les surfaces viticoles sont en baisse, de 1 614ha en 2012 à un peu plus d’un millier aujourd’hui. Pourtant, prévient Jean-Philippe Perraud, de la chambre d’agriculture, « la tendance est à la hausse pour les AOC et les vins de Pays ». Mais alors ? Alors « ce sont les vins de table, issus de parcelles familiales, qui sont en baisse ». Mieux encore, « la surface moyenne par exploitation est en augmentation, ce qui indique que des exploitants, qui auparavant pouvaient avoir une double activité, céréales et vignes par exemple, se spécialisent ». Surtout, quelle que soit la taille de leur vignoble, beaucoup misent sur l’originalité de vins de terroir.
Pour ce faire, rien de tel qu’une appellation d’origine contrôlée selon Pierre Morgeau, du Domaine La Tour Beaumont, à Beaumont-Saint-Cyr (environ 30ha, 180 000 bouteilles par an). « L’AOC Haut-Poitou confirme l’identité de vins de terroir. C’est un réel plus, un gage de qualité et de savoir-faire. »
Le renouveau des vieux cépages
D’autres préfèrent s’en détacher. A Messemé, près de Loudun, Emmanuel Bienvenu vient de tripler sa modeste surface viticole en replantant cette année 2ha de vignes, ce qui porte à 3ha son vignoble. A côté du Chenin, cépage local qui entre dans la composition de l’AOC Saumur, le vigneron a planté quelques ceps de pinot noir, « un pari sur l’avenir » et surtout « des vieux cépages », son credo. Les fameux « hybrides producteurs directs » comme le 54-55 autrement baptisé Plantet noir ou le 18315 dit Villard noir. « Ils sont peu sensibles aux maladies, ce qui convient à la biodynamie, et avec le changement climatique, leur taux de maturité est intéressant. Ils ont conservé une acidité supérieure aux cépages traditionnels. Or, l’acidité constitue la trame d’un vin, elle l’équilibre et est le meilleur des conservateurs. »
Un peu plus au sud, à Targé, près de Châtellerault, Frédéric et Elisabeth Gascq aspirent également à « faire des vins atypiques ». Après avoir gardé pour leur consommation privée la production de leurs 2 200m2 de vignes, portés aujourd’hui à 8 000m2, ils envisagent une commercialisation des « Vignes d’autrefois retrouvées » pour 2022. « A Targé, il y a un encépagement historique de Plantet, de Villard, de Rayon d’or, de Chenin aussi et un peu de Cabernet franc. »
D’autres recherchent l’originalité à partir des cépages traditionnels de Sauvignon, Cabernet, Chardonnay et Pinot noir, à l’instar d’Ampelidae, à Jaunay-Marigny (85ha de vignes et l’équivalent par des apporteurs de raisins, soit environ 450 000 bouteilles par an). « Nous voulons apporter des choses différentes, explique Thibaut de Ferrières. Dans la Vienne, les vignobles sont très morcelés, ce qui signifie des sols très différents, davantage de travail et des vins plus chers à produire. Mais cela fait aussi toute leur diversité. » Bien qu’étant sur l’aire de l’AOC Haut-Poitou, le domaine mise davantage sur des « vins contemporains », « 100% bio », avec par exemple « une gamme sans sulfites ».
Le bio se révèle de fait un argument fort. Dans la Vienne, près d’un quart du vignoble (260ha certifiés ou en conversion) est conduit en mode biologique, contre 7,5% en Nouvelle-Aquitaine et 14% à l’échelle de la France.
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