Hier
Le photographe Laurent Baheux milite de longue date pour la cause animale. Avec 46 autres personnalités, le Poitevin a signé une lettre ouverte alertant sur la précarité des associations de protection animale, fragilisées par la crise sanitaire.
Laurent, quel est l’objet de l’appel relayé par l’association Ethics For Animals ?
« Il s’agit d’aider plus de 3 000 associations de protection animale en France, lesquelles se retrouvent dans une situation dramatique. Sans elles, il serait très difficile pour l’Etat de gérer les abandons, les stérilisations… Aujourd’hui, ces structures sont menacées par la crise sanitaire. Les gens n’osaient plus sortir, les adoptions ont massivement chuté, ce qui a entraîné un surplus d’animaux dans les refuges et donc de moyens pour s’en occuper… Au lieu de les soutenir, l’Etat a choisi d’aider les cirques et zoos par un fonds d’urgence de 19M€. »
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
« J’y vois une volonté de favoriser la captivité animale. Quand on voit le zoo de Beauval investir 40M€ dans un dôme tropical, on peut parler d’un parc d’attractions sur le modèle de Disney. Pendant le confinement, le parc a subi une perte de 30M€ et l’Etat a fait le choix de soutenir cette entreprise, ce business-là. C’est pourquoi il faudrait au moins la même aide auprès des associations de protection animale qui, elles, ne vivent que des dons. »
Votre appel a-t-il été entendu par les pouvoirs publics ?
« A ma connaissance, il n’y a pas eu de réponse du gouvernement. Mais je sais que des députés ont commencé à relayer l’appel, à l’initiative d’Aurore Berger (*)… Les choses bougent, peut-être qu’il va être entendu. Ce fonds d’urgence de 15M€ que l’on demande, c’est un fonds de sauvetage car, sans leur capacité d’auto-financement, des associations de protection animale risquent de disparaître. Elles font un boulot de terrain considérable, essentiel, ce serait un mauvais calcul de l’Etat que de les ignorer. »
Les zoos n’oeuvrent-ils pas, eux aussi, pour la protection animale ?
« Ils sont très forts en communication pour faire croire qu’ils oeuvrent pour le bien-être animal et la conservation. Les barreaux des cages ont été remplacés par des vitres pour donner l’illusion que l’animal n’est pas en captivité, mais ça reste une cage. On le prive ainsi de tous ces comportements sauvages. Un enclos de 1 000 m2 ne suffit pas à un lion, le plus grand prédateur d’Afrique qui, dans la nature, couvre un territoire de plusieurs centaines de kilomètres carrés. C’est pour cela qu’il y a tromperie sur la marchandise, que c’est une totale imposture. Même si les zoos participent à des programmes de réintroduction, on est loin du compte. C’est souvent très long et coûteux, avec un taux d’échec important. La seule chose qui fonctionne, c’est de protéger l’habitat naturel. En Afrique, les réserves n’ont pas de moyens suffisants pour contrer le braconnage. Si on utilisait tout cet argent dans la protection de l’habitat naturel, la biodiversité s’en porterait beaucoup mieux. »
(*) La semaine dernière, Aurore Bergé et vingt autres députés ont écrit une lettre au ministère de l’Agriculture pour appuyer la demande des associations.
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