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Biodiversité : dans la Vienne, ces espèces qui se découvrent
Catégorie : Biodiversité Date : mardi 02 juin 2020Le 17 avril dernier, une nouvelle espèce animale a été observée au Pinail, à Vouneuil-sur-Vienne. Ce genre de découvertes n’est pas si rare dans les réserves naturelles et revêt par ailleurs, plusieurs enjeux. Explications.
Une rencontre aussi fortuite qu’exceptionnelle. Le 17 avril dernier, alors qu’il arpentait les chemins du Pinail dans le cadre du suivi reptiles du printemps, Kévin Lelarge a surpris deux cistudes d'Europe en pleine parade nuptiale, près d'une mare. « Un coup de chance » qui permet au conservateur de la réserve naturelle d'enfin attester de la présence -jusqu'ici seulement présumée- de cette tortue d'eau douce sur le site, parmi les quelque 2 500 espèces d'animaux, végétaux et champignons déjà recensées.
« Par le passé, nous avions tenté de mette en place des solariums pour pouvoir les observer, mais cela n'avait pas marché », se rappelle le naturaliste. Bien qu'installée dans le Châtelleraudais, le Montmorillonais et à Poitiers, la cistude d'Europe n'en demeure pas moins une espèce très discrète, difficile à observer. Et surtout menacée, classée sur la liste rouge des espèces menacées dans le monde. « Il est estimé que deux tiers des zones humides -leur habitat- ont été détruites, en France, à partir du XXe siècle. »
Entre 10 et 70 découvertes par an
Ce genre de découverte n'est pas rare au Pinail. « Entre 10 et 70 nouvelles espèces par an, souligne Kévine Lelarge. Surtout des champignons, microscopiques ou enfouis sous terre, et des invertébrés, mais rarement des animaux de cette taille. » Gérépi, l'association gestionnaire de la réserve a informé Vienne nature et Réserves naturelles de France de sa dernière rencontre, comme elle le fait après chaque nouvelle observation. Les éléments fournis s'ajoutent alors à une banque de données régionale qui, elle-même, alimente un système d'information national géré par le Muséum d'Histoire naturelle, à Paris. Toute une chaîne qui permet ainsi d'établir un état de conservation complet de chaque espèce.
Reste que l'observation de la cistude d'Europe au Pinail interpelle. A-t-elle été possible en raison du confinement ? Sa présence est-elle naturelle, ou du fait de migrations ? Ou bien anthropique ? « On va monter un programme de suivi, comme on le fait pour de nombreuses espèces en saison. Et peut-être une étude génétique si l'on arrive à en capturer une. » Des études qui peuvent être financées par des plans d'actions nationaux en faveur des espèces menacées, associant les services de l'Etat (via la Dreal) et les agences régionales de l'eau lorsqu'il s'agit d'espèces vivant dans les milieux aquatiques et humides.
En attendant, la découverte de la cistude d'Europe constitue une « super nouvelle » pour la réserve de 960 ha, à l'heure où l'on assiste au déclin de la biodiversité. « Elle témoigne de la qualité de notre milieu », veut croire Kévin Lelarge. Un argument de plus à faire valoir dans l'obtention du label Ramsar, plus haut niveau mondial de reconnaissance des zones humides que brigue le Pinail.
DR - Kévin LelargeÀ lire aussi ...