Hier
Le Regard de la semaine est signé Patrick Fournier, président et directeur artistique de Jazzellerault.
Alors que toutes les brigades sanitaires du monde sont à la recherche de l’arme fatale qui pourrait anéantir la tueuse en série Covid-19, certains illuminés y vont de leur remède miracle et le font savoir, au risque de faire des dégâts collatéraux bien plus importants que cette sinistre meurtrière. Les réseaux sociaux nous ont habitués à ce genre de fausses nouvelles, pardon de fake news. Et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), consciente de la gravité de telles affirmations, a pris soins de tordre le cou aux idées reçues qui circulent. L’OMS indique notamment que l’urine des enfants, pas plus que la cocaïne, ne protège du nouveau coronavirus, que la neige et les sèche-mains ne le tuent pas, que se rincer le nez ou manger de l’ail n’aide pas à prévenir l’infection. De même que se pulvériser le corps de chlore ou d’huile de sésame n’empêchera pas une contamination ! La consommation d’alcool à base de sève de palmier a fait ses preuves uniquement dans les troubles de l’érection. Aucun vaccin ni aucun traitement dont l’efficacité est prouvée n’existent. Aucun antibiotique ne fonctionne non plus car ils sont utiles contre les bactéries et non contre les virus. Et que dire des propositions émanant d’un magnat de l’immobilier, par ailleurs président de la plus grande puissance mondiale, suggérant à ses médecins consternés de traiter les malades aux rayons ultraviolets ou de leur injecter du liquide désinfectant, directement dans le sang ou les poumons ? « Ce serait intéressant de vérifier tout ça », ajouta-t-il. Heureusement les scientifiques du monde entier ont, depuis, exhorté les gens à ne surtout pas suivre ces propositions grotesques. Alfred Jarry aurait-il trouvé son maître ? Hélas, il n’est pas le seul. En Biélorussie, un autre Père Ubu, le président-dictateur Alexandre Loukachenko invite ses compatriotes à boire de la vodka au sauna... Et que penser du « Covid-Organic », décoction à base de plantes qui serait composée à 62% d’Artemisia annua (armoise annuelle), dont le président malgache Andry Rajoelina assure la promotion en mettant en avant les chiffres de mortalité infimes de Madagascar, seulement deux cas pour une population de vingt-sept millions d’habitants. Face à l’engouement suscité, plusieurs organisations réservent un accueil prudent à ce traitement car elles soulignent le manque de preuves scientifiques concernant l’efficacité de ce remède. Et si la réponse à l’épidémie mondiale de coronavirus se situait à Madagascar, voilà qui ne réjouirait pas les industriels qui refusent que l’Afrique produise des médicaments. Alors, à défaut de remède fiable, continuons le lavage des mains et la distanciation physique, qui sont les éléments cardinaux de la prévention de la Covid-19. Sans oublier le masque, mais pas celui du théâtre qui symbolise la dissimulation, l'hypocrisie, l'incarnation et la transformation.
CV express
67 ans. Président et directeur artistique du Festival « Jazzellerault ». Ancien directeur du Nouveau Théâtre de Châtellerault. A commencé sa vie professionnelle dans un cabinet de métré spécialisé dans les monuments historiques, puis à la Direction générale des impôts.
J’aime : le spectacle vivant et la musique, les belles plumes de la chanson française, les petits plaisirs simples si bien décrits dans le livre de Philippe Delerm La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules.
Je n’aime pas : les acariâtres, les cyclothymiques, les incivilités…. Cueillir les haricots verts et les fraises.
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jeudi 21 novembre