Jakob Dickert est allemand et suit actuellement des études de psychologie à l’université de Poitiers. Lundi soir, il a suivi à distance l’attaque au camion sur le marché de Noël de Berlin. Voici sa réaction.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

« C'est une amie qui m’a appris la nouvelle. J'ai fait des recherches sur Internet et je suis tombé sur le site du RBB, la radio locale de Berlin. J'ai trouvé des photos et quelques infos. J'ai reconnu le lieu. Ça m’a choqué. Je suis déjà passé par là-bas alors, d'un coup, c'était bien plus réel. J’ai très vite contacté une amie qui travaille dans un hôpital berlinois pour savoir si elle allait bien.

Dans le contexte actuel, je ne suis pas très étonné que l’Allemagne ait été la cible d’une attaque. J’ai été beaucoup plus surpris par ce qui s'est passé à Munich, il y a quelques mois. Je crains qu’il y ait des gens qui se lèvent désormais le matin en s’attendant à ce genre de violence. Mes proches habitent heureusement bien loin de Berlin. Mon amie berlinoise n’était pas proche du lieu de l’attentat mais sa peur était réelle. Tout le monde craignait qu’un autre attentat survienne ailleurs dans la ville. Elle n’arrêtera pas de vivre à cause de ça. Pour elle, comme pour moi, on vit malheureusement dans un monde et à une époque où des choses semblables sont possibles et très difficilement évitables ou prévisibles.

D'un certain point de vue, je me sens quand même plus ou moins en sécurité du fait de la distance. D'un autre point de vue, le fait que cela ce soit passé à Berlin ne prédit en rien que la prochaine fois, ça ne sera pas ici, à Poitiers. C'est justement ce fait, de ne pas pouvoir prédire un attentat, qui cause la peur. Dans tous les cas, je ne peux rien faire, ou très peu, pour me protéger directement, à moins de ne plus sortir du tout de la maison. 

Cet attentat en Allemagne ne doit pas faire passer au second plan les violences quotidiennes que subissent les gens vivant dans les zones en guerre. Il y a une telle désensibilisation que tous ces gens semblent avoir bien moins d'importance par rapport à un pays comme l’Allemagne.

J'ai découvert la force militaire française en arrivant à la gare de Strasbourg il y a quatre ans. N'ayant jamais vu de soldats lourdement armés auparavant, cela m'a fait très bizarre. Je ne sais toujours pas si cette omniprésence des forces me donne un sentiment de sécurité ou d'insécurité. À mon avis, un terroriste avec une volonté aura toujours une possibilité de la mettre en œuvre. Je ne pense pas que l'on puisse se sentir plus en sécurité par le simple fait de voir plus de policiers et militaires au quotidien. Peut-être bien, au contraire, que l’on pensera plus au terrorisme et à la violence...
»

À lire aussi ...