Hier
Frans Boyer. 39 ans. Comédien tout-terrain, domicilié à Jaunay-Marigny. Cascadeur et doubleur de voix à l’occasion. Actuellement à l’affiche d’Au revoir là-haut ou du Collier rouge. Rêve de réaliser son premier long-métrage. Signe particulier : ne se prend pas pour un autre.
Il fait partie de ces « gueules » qu’on finit par reconnaître sous les traits de personnages très différents. A la télé ou au cinéma, vous l’avez certainement aperçu grimé en soldat (Le collier rouge, Au revoir là-haut), en officier de sécurité (Les hommes de l’ombre), en ecclésiastique (Ainsi soient-ils) et même en gardien de but face à Sébastien Chabal (pub Orange). Frans Boyer est ce qu’on appelle un touche-à-tout artistique, prêt à saisir la moindre opportunité de « faire mon métier ». Depuis six ans, le Deux-Sévrien d’origine a posé ses valises à Jaunay-Marigny. Mais évidemment, il se rend très souvent dans la capitale pour des castings et autres tournages.
Derrière le paravent de la célébrité, le fils de dentiste et de maître-nageuse trace sa route en solo, avec un certain succès. Dix-sept ans que ça dure et une petite flamme toujours aussi vive au fond de l’âme. « Un jour Bernard Campan m’avait dit : « Tu sais, dans ce métier, on apprend toujours. » J’ai retenu ça. » Il a aussi retenu que « l’envie de découvrir de nouveaux horizons » agissait comme un puissant moteur. Et de citer l’exemple de sa mue en Eugène Delacroix, dans un docu fiction diffusé sur Arte le 1 avril.
Le presque quadra y campait le rôle du peintre, lors de son expédition au Maroc. Dépaysement garanti... aux antipodes de son rôle de flic dans un long-métrage comme Banlieue 13.
Pas de télé, ni de ciné
« Pour tout dire, je n’ai pas envie de me laisser enfermer, prolonge-t-il. Par exemple, la directrice du casting d’Ainsi soient-ils n’aurait jamais pensé à moi pour un rôle de jeune séminariste. Et pourtant, les essais ont convaincu le réalisateur. » Le motard -il roule en Triumph- se fond volontiers dans le décor, tel un caméléon aux multiples peaux.Son passé de gymnaste et ses quinze ans de karaté plaident en sa faveur lorsqu’il s’agit d’« aller au tapis ». Le gamin « timide » des débuts, élevé sans télé ni cinéma, a puisé dans son cheminement personnel la sève de son accomplissement. « Au début, le théâtre m’a servi à me cacher dans des personnages. J’ai continué au lycée et au Conservatoire d’Angers. »
C’est pourtant à la Fac des sports d’Angers que Frans a failli embrasser une autre carrière : prof de sports. « J’ai exercé un an. Disons que l’Education nationale ne restera pas une super expérience. » Au ronron des cours d’EPS, le jeune père de famille a donc choisi le monde tumultueux de l’intermittence. Il n’ignore rien des difficultés inhérentes au montage d’un film, a fortiori parce qu’il aimerait lui-même « développer son univers ». Comprenez réaliser un long-métrage. « J’ai déjà écrit plusieurs scénarii, mais je n’ai pas encore trouvé de producteur. J’écris beaucoup sur l’universalité et l’intemporalité. » Adepte des « films politiques », l’acteur planche en ce moment sur une histoire liée à la Première Guerre mondiale. La petite histoire dans la grande. La « sienne » tourne autour des bataillons de transmissions, détruits en 1917, obligeant les soldats à « courir entre les lignes ». « De l’Etat-major aux premières lignes dans la boue, il y a un road-movie intéressant de mon point de vue. » Dans un genre similaire, le « Joyeux Noël » de Christian Carillon s’était révélé abouti. En attendant une reconnaissance derrière la caméra, l’ex-partenaire de Nicolas Duvauchelle dans Collier rouge rêve de décrocher un rôle dans un « péplum, un truc de pur cinéma ». Pas spécialement « client des comédies, en dehors de Chaplin, Keaton ou De Funès », Frans étanche sa soif de cinéphilie en regardant des westerns et films de série B.
Professionnellement, ses meilleures années sont sans doute devant lui. Il paraît que la marge d’emploi pour les acteurs est plus forte entre 40 et 60 ans. « J’y arrive, mais je ne suis pas sûr de vouloir jouer encore autant de temps. » « Patient et persévérant », le couteau suisse artistique soigne son hyperactivitécompulsive par quelques « arrêts au stand ». Aucun risque de le voir scotché derrière la télé, il n’en a toujours pas. Ça tombe bien, il n’aime « pas trop se regarder ». Les autres le font pour lui.
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