Autant sujet de fantasme que victime de clichés, l’hypnothérapie suscite un engouement grandissant auprès des Français. La Vienne compte aujourd’hui une quinzaine de spécialistes, qui croulent sous les demandes. Plongée au cœur de ce phénomène nouveau.
« Du jour au lendemain, je n’ai plus touché une cigarette. » Romain Balagny n’en revient toujours pas. Il y a trois mois, ce jeune infirmier a décidé de consulter un hypnothérapeute pour arrêter de fumer. « J’avais tout essayé : les patchs, les pastilles, la clope électronique... Chaque fois, je rechutais, explique-t-il. Un ami m’a conseillé de recourir à l’hypnose. J’étais très perplexe, je suis allé chez le spécialiste un peu à reculons. » Comme beaucoup de Français, Romain ne connaissait de l’hypnose que le pendant « sensationnel », celui présenté dans les shows télévisés. « Le thérapeute a pris le temps de m’expliquer comment il travaillait. J’étais rassuré. À la fin de la séance, je n’avais plus envie de fumer. J’y suis retourné deux fois. Depuis, je n’ai plus consommé de tabac. Et je ne ressens aucun manque. »
À l’image de Romain, les Poitevins sont nombreux à se laisser tenter par l’hypnothérapie pour venir à bout de leurs addictions, de leurs phobies ou même de leur manque de confiance en eux. L’édition 2016 du baromètre santé Pages Jaunes révèle ainsi qu’entre 2013 et 2015, les demandes en lien avec l’hypnothérapie ont quadruplé. Ce qui en fait la deuxième médecine douce la plus « recherchée », derrière la sophrologie, mais devant l’étiopathie, le magnétisme, la naturopathie et la kinésiologie. Si bien que les installations se multiplient dans le département. La Vienne compte aujourd’hui une quinzaine de spécialistes, pour la plupart installés dans l’agglomération de Poitiers.
« Je ne suis pas un gourou »
Mais alors, comment expliquer cet engouement grandissant pour cette médecine alternative ? Fonctionne-t-elle vraiment ? « Oui, et c’est scientifiquement prouvé, répond Anna Le Gal, hypnothérapeute à Poitiers. Des mesures faites par IRM (imagerie par résonance magnétique, ndlr) ont permis de mettre en évidence que certaines zones du cerveau ne s’activaient que sous hypnose. » À mi-chemin entre éveil et sommeil, l’hypnose est un état dans lequel « le cerveau intelligent se déconnecte pour laisser place au cerveau émotif », comme l’explique Claudine Maes, installée à Saint-Georges-lès-Baillargeaux. La spécialiste compare la sensation sous hypnose à « celle que l’on ressent au bord de la mer, lorsqu’on laisse son regard se perdre au loin ». Laura Romien, installée depuis peu à Chauvigny, explique quant à elle soigner ses clients en « modifiant les émotions associées aux maux ».
La méthode semble porter ses fruits, au vu du succès rencontré par les trois spécialistes. Leurs carnets de rendez-vous ne désemplissent pas. De 50 à 100€ la séance, l’hypnothérapie est une activité lucrative. Mais pas question pour autant de « vendre du rêve ». « Un hypnothérapeute n’est pas un magicien, il ne vous fera pas perdre 15kg en vous regardant dans les yeux, reprend Claudine Maes. Je dis souvent à mes clients que je ne suis pas un gourou. Je n’ai pas de don, ni de talent particulier. J’applique seulement une technique qui m’a été enseignée. » Rien à voir donc avec l’hypnose « cliché » véhiculée par les émissions de télévision.