Chaque jour, des centaines de Poitevins prennent le train ou la voiture pour aller travailler à Châtellerault, Niort, Angoulême, Tours, Bordeaux ou Paris. Pour la plupart d’entre eux, la qualité de vie offerte par l’ex-capitale régionale justifie le temps perdu dans les transports.
Tous les matins, c’est la même rengaine. À 8h, Thomas Lhervois part en voiture de Poitiers pour se rendre dans sa pharmacie, à Chauray dans les Deux-Sèvres. Cinquante minutes aller, cinquante minutes retour, le soir à 19h30. Pour tuer le temps, le pharmacien de 26 ans partage régulièrement la route avec des covoitureurs. « Je propose le trajet quotidien Poitiers-Niort sur Blablacar, plus par convivialité que pour rentrer dans mes frais, explique-t-il. J’accueille des covoitureurs deux à trois fois par semaine. La plupart du temps, ce sont des étudiants. » Chaque mois, Thomas Lhervois dépense 180€ de péages, auxquels viennent s’ajouter les frais de carburant. « C’est un sacrifice que j’assume pour continuer d’habiter sur Poitiers, où j’ai toutes mes attaches. » D’après une enquête de l’Insee sur la mobilité professionnelle, 261 habitants de Poitiers font, comme lui, le trajet quotidien domicile-travail vers Niort.
Le chef-lieu des Deux-Sèvres n’est pas la seule ville à « employer » des Poitevins. Cette même enquête de l’Insee, menée en 2013, révèle ainsique 582 Pictaves travaillent à Châtellerault et s’y rendent par la route. De nombreux habitants des communes de l’agglo sont également concernés. De son côté, le service presse de Blablacar, leader français du covoiturage, indique que La Rochelle, Paris, Niort, Nantes et Angoulême sont les cinq destinations principales proposées pour les trajets domicile-travail.
1 100 abonnés TER
Si la voiture reste le moyen de transport privilégié des Poitevins pour les trajets courts (moins de 100km), le train rencontre également un franc succès. La SNCF, très évasive sur le sujet pour des raisons de concurrence, précise qu’environ « 1 100 abonnés TER ont Poitiers comme point de départ ou d’arrivée de leurs voyages quotidiens pour se rendre au travail ». Aucune statistique n’est en revanche communiquée concernant les abonnés TGV. La Ville, par la voix d’Anne Gérard, conseillère municipale déléguée à la Mobilité, au Transport et au Stationnement, assure toutefois que « la demande de stationnement au parking Toumaï pour les utilisateurs du TGV est telle qu’il faut maintenant réfléchir à une offre complémentaire au parking du Tap ».
Le phénomène des « Poitevins mobiles » pourrait d’ailleurs s’accentuer dès la rentrée prochaine, avec l’arrivée de la LGV, qui réduira les temps de trajet entre Poitiers, Paris et Bordeaux. L’ex-capitale régionale pourra alors suivre l’exemple de Tours, qui a séduit « 4 000 Parisiens par sa qualité de vie et sa proximité temporelle avec la capitale ». « Les loyers et la vie sont moins chers ici, explique le service communication de la mairie tourangelle. Les Parisiens achètent des appartements à proximité de la gare. En moins d’une heure, ils sont à Montparnasse. » De Poitiers, il faudra compter 1h40. Suffisant pour séduire les Franciliens ? Quid des Bordelais ? À suivre.