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Aujourd'hui
Terriblement attachant
Ode à la vie et cathartique, L’Attachement parle avec brio de la reconstruction après un deuil et des liens qui se tissent sans que l’on s’y attende. Une puissante expérience.
Mercredi, 18h, au complexe sportif Marcel-Bernard de Smarves. Dans un silence de plomb, les jeunes du club de tir affinent leur visée à 10 mètres. La plus jeune a 9 ans. Comme 200 000 autres amateurs en France, les cent licenciés du club smarvois se sont laissés tenter par une discipline « sportive, qui réclame de la concentration et du self-control », comme l’explique Pascal Chevarier, secrétaire de l’association. Exit les têtes brûlées. « Nous n’accueillons que des gens passionnés par le sport, les autres n’ont pas leur place sur un stand de tir », reprend Michel Maillet, président du club. Les deux bénévoles déplorent la « mauvaise image » de leur discipline. « Il ne faut pas faire d’amalgame, le club de tir n’est pas un défouloir. »
Pour preuve, Pascal Chevarier énumère les nombreuses règles de sécurité imposées aux tireurs. « On ne peut pas faire n’importe quoi, sur le pas de tir comme en dehors. Les licenciés désireux d’acquérir leur propre matériel doivent formuler une demande de détention d’arme auprès de la préfecture. » Dans le détail, cela se traduit par la remise de six pièces justificatives, une enquête de police approfondie et l’achat d’un coffre avec verrou pour le stockage au domicile. L’autorisation de détention d’arme doit par ailleurs être renouvelée tous les cinq ans, grâce à trois tirs de contrôle dans un club affilié.
+40% de licenciés en cinq ans
Malgré cette réglementation « très stricte », les demandes de licences ne cessent d’affluer en France comme dans la région. Le département compte pas moins d’onze clubs affiliés à la Fédération française de tir. La ligue Poitou-Charentes a enregistré une hausse de 9% de ses effectifs entre 2015 et 2016. Dans l’Hexagone, le nombre de licenciés a bondi de 40% depuis 2011. Pour les deux bénévoles du club smarvois, « difficile de parler d’effet « JO »(*) ou post-attentats ». « Il ne faut pas se leurrer, c’est dû au climat national d’insécurité », rétorque Christophe Guillot, gérant de l’Armurerie Guillot, à Saint-Julien-l’Ars. « Je n’ai jamais autant bossé que depuis deux ans, explique-t-il. Il est toutefois important d’empêcher les nuisibles de se procurer des armes. » Outre les licenciés des clubs de tir sportif, l’entrepreneur poitevin voit passer dans sa boutique des « personnes inquiètes, désireuses de s’armer pour se protéger ». A tel point qu’il a fait construire une boutique plus grande pour répondre à la demande.
Mais malgré ce soudain regain d’activité dû au contexte national, la vente d’armes à feu en France a nettement reculé depuis vingt ans. Selon le président de la Chambre syndicale des armuriers détaillants, interrogé par nos confrères des Echos, « le marché des armes en 1995 représentait environ 300 000 ventes par an, contre 80 000 en 2015 ». On ne dénombre plus que 360 armureries dans l’Hexagone, soit cinq fois moins qu’avant la Seconde Guerre mondiale.
(*)Aux JO de Rio, les tireurs français ont remporté deux médailles, une d’argent et une de bronze.
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