Le vrac emballe les consommateurs

En France, la vente au poids est en plein déve- loppement. Une épicerie uniquement dédiée au vrac devrait justement ouvrir ses portes en avril à Poitiers. Les militants du « zéro déchet » -mais pas que- plébiscitent ce mode de consommation.

Florie Doublet

Le7.info

Elles ne tiennent plus en place. Dans quelques se- maines, Maryse Baloge et Mathilde Renaud ouvriront « L’ef- fet Bocal », une épicerie-atelier « zéro déchet » dans le quartier de Montmidi. Les Poitevin(e)s pourront y trouver fruits et lé- gumes frais, céréales et légumes secs, boissons, produits d’entretien... en vrac. Le principe est simple. « Les clients viennent avec leurs bo- caux, sacs en papier ou boîtes. Ils se servent et paient uniquement le prix des produits », expliquent Maryse et Mathilde. Toutes deux ne doutent pas une seconde de l’utilité de leur projet. « Plus de cent quatre-vingt-dix personnes ont contribué à notre campagne de financement participatif, illustrent-elles. La collecte dépasse nos espérances ! « L’effet bocal » est apparemment très attendu. »

Indéniablement, la vente au poids séduit un large public. La grande distribution, dont le dé- veloppement dans les années 90 annonçait pourtant la fin de ce mode de consommation, ne s’y trompe pas. Des rayons entiers dédiés au « vrac » sont désormais aménagés dans les hypermarchés. Selon le maga- zine LSA-Commerce et Consommation, trente-neuf enseignes Auchan disposent aujourd’hui d’un tel espace, contre dix-neuf en 2014.

Lejuste prix pour le juste poids

L’offensive des « pionniers » du vrac ne s’est pas faite attendre. Le réseau Biocoop a étendu sa gamme de produits en conséquence. Au Pois tout vert, à Poitiers, les clients peuvent maintenant se fournir en miel, vin, huile ... « Certains viennent avec leurs propres emballages pour acheter du fromage à la découpe, assure la gérante, Séverine Le Breton. Le vrac est l’un des secteurs qui connaît le développement le plus impor- tant. Il représente aujourd’hui près de 15% de notre chiffre d’affaires. »

Quelles sont les raisons du succès ? Une meilleure gestion des déchets bien sûr -les emballages représentent un tiers de nos poubelles-, mais pas seulement. « Les gens sont de plus en plus attentifs à la manière dont ils consomment, affirment Maryse et Mathilde. Du vrac, oui, mais pour des produits de qualité, locaux, faisant la part belle aux petits producteurs et agricul- teurs responsables. » Evidemment, le coût est également un argument. En payant les aliments au poids, en fonction de leurs besoins, les clients font forcément des économies. « Si quelqu’un a besoin de 100 grammes de farine pour un gâteau, il ne prendra que 100 grammes de farine, affirme Séverine Le Breton. Il n’y a plus de gâchis ! »

Le vrac a néanmoins ses limites. La directrice du réseau Biocoop de Poitiers ne peut, par exemple, pas commercialiser du jus de pomme bio. « Les bactéries se développent trop rapidement, cela pose des problèmes de conservation. Mais nous réfléchissons à des solutions. » Les militants du « zéro déchet » n’ont pas dit leur dernier mot.

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