Les robots font leur entrée à l’école. Partout, les initiatives se multiplient pour transmettre des notions de codage informatique et montrer que les ordinateurs n’ont rien de magique. Car derrière chaque machine, en fait, il y a un homme.
Début décembre, soicante-dix élèves de l’école privée Notre-Dame, à Saint-Georges-lès-Baillargeaux, de la petite section de maternelle au CM2, se sont initiés au codage informatique. Pas en alignant des chiffres, des parenthèses et des points-virgules, mais en aidant Angry Bird à attraper un cochon... C’est l’un des exercices gratuits proposés par le site Code.org. En résumé, il s’agit d’aligner des briques correspondant à des actions pour aboutir à un objectif. Autrement dit, concevoir un algorithme, à la manière de Scratch (lire ci-dessous).
Fabrice Grellier, parent d’élève et informaticien, a proposé au directeur de l’école de participer à « Hour of Code », une initiative reproduite dans cent quatre-vingt pays : « C’était important de montrer aux enfants que les ordinateurs, présents partout dans leur quotidien, ne font rien seuls. Ce n’est pas magique. Il y a toujours quelqu’un derrière,qui peut d’ailleurs être malveillant ou faire des erreurs. »
Commander le robot
Garder l’esprit critique face aux machines, c’est l’une des briques essentielles de l’apprentissage de la « pensée informatique », désormais intégré dans les programmes scolaires. Mais ce n’est pas le seul aspect. Le progrès technologique permet mainte- nant aux enseignants d’utiliser des robots pour faire passer autrement des concepts traditionnels. Comme les capacités à anticiper, à se déplacer dans un espace ou à « se décentrer » pour se mettre « à la place de ». A l’école maternelle de Quinçay, Jean-Yves Labau utilise la Blue-bot, une sorte de souris que l’on commande à distance. Il demande à ses élèves de la diriger en créant un programme avec des flèches. « Les élèves imaginent le chemin que prendra la Blue-Bot. Ils apprennent à reconnaître leur droite et leur gauche et collaborent pour résoudre les problèmes. » Avec les plus grands, on peut intégrer des no- tions supplémentaires comme la distance, le temps ou la vitesse. « Les enfants travaillent en s’amusant, abordent plein de matières, précise Cédric Couvrat, délégué académique adjoint au numérique, en charge du premier degré. On fournit maintenant des fiches pédagogiques aux ensei- gnants pour mettre en place des situations d’apprentissage. En général, ils font vite la connexion avec les notions au programme. » Reste à équiper les écoles. L’achat de robots dépend des com- munes. La Ville de Poitiers vient d’acquérir une série d’engins semblables à la Blue-Bot. L’idée fait son chemin.
"Tino Project"
Cédric Couvrat est à l’origine d’un projet unique en France. Nom de code : Tino. Il s’agit d’un robot dont le but est d’interagir avec les élèves. Sa conception même est une action pédagogique. Les enfants lui donnent la forme qu’ils souhaitent, les plus grands l’équipent en différents capteurs et le programment. Tino devient la « mascotte » de la classe qui dit bonjour le matin et valide, par exemple, les cartes de cantine. Il a même son compte Twitter, sur lequel les écoles postent leurs trouvailles : @tino_project.
Mission to Mars
L'Espace Mendès-France utilise l'application gratuite en ligne "Scratch" pour animer plusieurs ateliers et initier les enfants au codage informatique à partir de 8 ans. Eric Chapelle, spécialiste en astronomie, propose ainsi à tous les férus de sciences d’endosser les habits d’un ingénieur de la Nasa, dont la mission serait de programmer un robot envoyé sur Mars afin qu’il parvienne seul à éviter les embûches.
Scratch est également manipulé par les « apprentis bidouilleurs » de l’atelier de création sonore. L’application est alors associée aux capteurs « makey-makey » pour transformer n’importe quel objet en instrument de musique. « Avec Scratch, on apprend la logique des langages informatiques sans les aspects rebutants liés à la syntaxe des lignes de code », note Thierry Pasquier, responsable de la communication à « Mendès ». Savez-vous que vous pouvez même créer votre propre jeu vidéo ? Retrouvez les prochains rendez-vous sur emf.fr.