Fin janvier, le groupe d’habillement Vivarte, propriétaire de quatorze marques, a dévoilé un plan de restructuration de grande ampleur. Axée sur des suppressions de postes, des fermetures de magasins et la vente de six enseignes, la nouvelle stratégie inquiète les salariés poitevins du groupe, qui suivent l’avancée de l’affaire dans les médias.
« Nous ne sommes au courant de rien, à part du fait que nous allons être rachetés. » La responsable de la boutique André, à Auchan-Sud, attend « comme tout le monde » des nouvelles du siège du groupe. L’enseigne de chaussures est sur le point d’être vendue par son propriétaire, le groupe français Vivarte. En proie à des difficultés financières sans précédent, le géant de l’habillement, qui détient quatorze marques de renom, a présenté un vaste plan de restructuration. Pour faire simple, six de ces quatorzes marques ont été mises en vente et environ 1 200 postes devraient être supprimés à l’échelle nationale. « Dans notre boutique, nous sommes trois salariés, reprend la responsable d’André. Nous avons déjà échappé aux plans sociaux par le passé, espérons que les futurs repreneurs n’en prévoient pas de nouveaux à Poitiers. »
La Vienne compte à ce jour quinze magasins du groupe Vivarte. Au total, huit des quatorze marques du groupe sont présentes dans le 86. André, donc, ??mais aussi Minelli, San Marina, Caroll, Kookaï, Besson, La Halle aux chaussures et La Halle aux vêtements, qui comptent à elles deux sept magasins, à Auchan-Sud, Chasseneuil, Saint-Be- noît, Chauvigny et Montmorillon. Par le passé, Chevignon et Naf Naf étaient également implantés dans le département, mais ont plié bagage à l’issue d’une précédente restructuration. Contactées la semaine passée, la plupart des enseignes ont refusé de répondre à nos questions. La communication autour de « l’affaire » semble cadenassée, la direction du groupe n’ayant pas donné suite à nos demandes d’interviews. Seuls les « moins touchés » ont accepté de témoigner, à commencer par la gérante de San Marina, à Poitiers, qui déplore « un manque d’informations de la part des dirigeants ». « Nous découvrons l’avancée du dossier dans les médias, reprend-elle. Nous savons toutefois que notre marque n’est pas trop en danger et que nos trois emplois devraient être sauvegardés. »
« Les clients posent des questions »
Difficile de dire aujourd’hui si certains, parmi la centaine de salariés du groupe dans la Vienne, perdront leur emploi. La semaine passée, Vivarte a indiqué que la Halle aux chaussures devrait se séparer de 494 employés à l’échelle nationale. Pour Jean-Louis Alfred, représentant CFDT du groupe, les chiffres ne reflètent pas la réalité. « 2 200 personnes sont déjà parties dans les plans précédents, explique-t-il. Quand la direction actuelle annonce 707 postes (au total, entre les différentes enseignes, ndlr), cela concerne en fait près de 1 500 personnes, à cause de la prédominance du temps partiel. Davantage même puisque, pour l’instant, les activités logistiques ne font pas partie du plan de départs, mais seront inévitablement touchées au fur et à mesure des cessions. »
Dans les rayons des magasins, « les clients posent des questions sur la situation du groupe », explique la gérante de Kookaï, à Poitiers. « Comme nous, ils s’inquiètent de l’avenir des marques. Notre directeur a assisté à une réunion au siège, en fin de semaine dernière. Comme d’habitude, nous sommes les derniers au courant. » La situation devrait se décanter dans les jours à venir. Entre 2014 et 2016, Vivarte a perdu 600M€ de chiffre d’affaires, sans jamais parvenir à inverser la tendance, malgré six PDG différents en... cinq ans.