En Marche ! fait des émules dans la Vienne. Ils seraient près de six cent cinquante à accompagner l’ancien ministre de l’Economie Emmanuel Macron sur le chemin de l’Elysée. Principalement des jeunes ou actifs issus de catégories sociales supérieures.
Ils attisent les convoitises à droite comme à gauche et aimantent les candidats putatifs à la députation. A mesure qu’Emmanuel Macron grimpe dans les sondages, à trois mois des Présidentielles, les adhérents d’En Marche ! 86 se sentent de moins en moins seuls. « Disons que le téléphone chauffe un peu plus. La messagerie aussi, d’ailleurs ! », plaisante Philippe Chadeyron, délégué du mouvement dans la Vienne. « Depuis les désignations de François Fillon et de Benoît Hamon, les adhésions se comptent en dizaines. Nous sommes aujourd’hui six cent cinquante adhérents dans le département et plus de 150 000 partout en France. »
« Et ce qu’il faut préciser, ajoute Sacha Houlié, c’est que les deux tiers n’ont jamais été militants dans un parti. » Le délégué d’En Marche !, co-fondateur des Jeunes avec Macron, parle en connaissance de cause. L’ancien étudiant à la Fac de droit de Poitiers -aujourd’hui avocat à Paris- appartient à l’état-major du parti. Au même titre que Stéphane Séjourné et Pierre Person d’ailleurs, eux aussi des purs produits de la formation poitevine. Anaïs Auger, elle, marche sur leurs traces. L’étudiante en Master II de droit et administration publique (22 ans) n’avait « jamais été engagée politiquement » avant le printemps 2016. « Ma mère est plutôt socialiste, mon père à l’extrême droite, ce qui fait que les débats étaient souvent animés à la maison. Ce qui m’a plus dans En Marche !, c’est sa logique transpartisane et européiste. J’adhère totalement à la vision de Macron. » Même sentiment de proximité chez Bouziane Fourka, dirigeant d'une agence Web, à Chasseneuil. « Je n'ai jamais idolâtré personne, mais Macron a un discours qui parle à l'entrepreneur que je suis. J'aime sa jeunesse et son intelligence », argumente l'animateur du comité local de Poitiers.
Une vraie gageure
Du carteron de convaincus, le mouvement macroniste est passé à un stade quasi-industriel. Les bonnes volontés se multiplient, qui pour distribuer des tracts sur les marchés, qui pour interroger le simple quidam dans une Grande marche des campagnes. Le week-end dernier, ils et elles étaient à Neuville, Vouillé, Pleumartin et Naintré histoire de prendre le pouls de la ruralité (*). « A la fin des questionnaires, nous interrogeons toujours les gens sur les solutions qu’ils proposent », ajoute la référente des Jeunes avec Macron dans la Vienne. « Attention, abonde Philippe Chadeyron, ce n’est pas un sondage, mais un ressenti de ce que les gens vivent au quotidien. » Reste à transformer l’essai dans les urnes, une vraie gageure.
Les partisans d’Emmanuel Macron y croient dur comme fer et n’hésitent pas à mettre la main au porte-monnaie pour financer la campagne. Ou plutôt les campagnes puisqu’En Marche ! a prévu d’investir des candidats sur les 577 circonscriptions. « Les adhérents donnent en moyenne 60€. A la fin 2016, nous étions à 4,3M€ récoltés », renseigne Sacha Houlié. Signe des temps, la plateforme d’affiliation aux Législatives a déjà enregistré plus de deux mille candidatures. « Dont celles d’élus en place depuis longtemps à Poitiers, à droite comme à gauche, qui sentent le vent tourner », glisse Philippe Chadeyron. Les critères de choix ? Le renouvellement, la parité, la pluralité et la probité. Reste qu’En Marche ! se compose aujourd’hui principalement de militants « issus de catégories sociales élevées ou ayant un très bon niveau d’études ».
(*) Une restitution aura lieu le 13 février, à la salle des fêtes de Couhé.
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Big bazar
Les amateurs de scénarii écrits à l’avance en seront pour leurs frais. Les Présidentielles d’avril prochain et, plus encore les Législatives de juin, promettent un joyeux bazar dans les états-majors établis sur la place politique. La poussée des « Insoumis » de Mélenchon et des partisans d’Emmanuel Macron rebat les cartes comme peut-être jamais sous la Ve République. Tant et si bien que le deuxième tour promis entre François Fillon et Marine Le Pen ne relève plus, mais alors vraiment plus, de l’axiome mathématique. Dans la Vienne, bien malin celui qui peut d’ores et déjà donner le nom des quatre futur(e)s député(e)s. Ici, on se dispute la légitimité de la candidature, là on revendique l’ancrage territorial, là encore on conteste la filiation centriste… Bref, c’est le bazar à peu près partout, à gauche comme à droite. Les plumitifs seraient donc avisés de ne pas tirer des plans sur la comète. A la sortie de l’hiver, les postulants au Palais Bourbon pourraient bien être très différents de ceux du printemps.