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Une tentative de suicide toutes les quarante minutes. La statistique fait froid dans le dos. En Nouvelle- Aquitaine, plus de 1 100 personnes mettent fin à leurs jours chaque année, dont quatrevingts dans la Vienne. Ce problème de santé publique sera au coeur de la 16e Journée d’études de prévention du suicide, le mardi 31 janvier, à Saint-Benoît.
D’après les derniers chiffres du ministère des Affaires sociales et de la santé, les trois-quarts des victimes sont des hommes. Pour le docteur Jean-Jacques Chavagnat, l’explication est malheureusement simple. « Les stéréotypes liés au sexe sont encore très ancrés dans notre société, assure le chef du Pôle de santé publique du centre hospitalier Henri-Laborit, à Poitiers. Un homme doit se débrouiller seul, rester fort, être un symbole de réussite… » Résultat, ces messieurs ne s’orientent pas vers les structures de soins et s’enferment dans leur mal-être. Pour autant, les femmes représentent 65% des tentatives de suicide. Elles privilégient l’intoxication médicamenteuse aux méthodes violentes (pendaison, utilisation d’armes à feu…).
L’affaire de tous
Ces drames pourraient être évités si on osait simplement… en parler. Le suicide et plus largement les états dépressifs sont passés sous silence. « Il faut faire un pas vers l’autre, assure le docteur Chavagnat. Pas simplement lui demander « ça va ? » le matin sans attendre la réponse, mais savoir poser les bonnes questions pour déceler la souffrance. »
Concrètement, si vous observez qu’un proche, un ami, un collègue se comporte d’une façon inhabituelle, n’hésitez pas à lui faire remarquer : « Je vois bien que tu ne vas pas bien, je m’inquiète pour toi. » Instaurez le dialogue et tentez d’obtenir des informations précises : « As-tu des idées noires ? Penses-tu au suicide ? Est-ce que tu as fixé une date ? » Une certaine pudeur ou gêne peut nous empêcher d’entamer cette démarche. Et pourtant, « il ne faut pas attendre que les personnes suicidaires se confient. Quand elles passent à l’acte, c’est trop tard. »
À l’inverse, n’essayez pas de « remuer » une personne dépressive, ce serait totalement contre-productif. « Est-ce qu’on dit à une personne en pleine hémorragie de « se secouer un peu » ou « de prendre l’air » ? Non, on l’emmène à l’hôpital se faire soigner. Pour la dépression, c’est pareil !, détaille Jean-Jacques Chavagnat. Il faut la prendre au sérieux. La prévention du suicide, c’est l’affaire de tous. »
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samedi 22 février