Sekou Doumbouya. 16 ans. Prodige précoce du basket français, choyé par le PB 86 depuis l’été 2016. Sur le toit de l’Europe le mois dernier avec l’équipe de France U18, le môme d’Orléans impressionne. Et reste cool.
Il esquisse un pas de danse, sourire aux lèvres et photo du « sacre » dans ses immenses paluches. Avec l’insouciance de ses 16 piges, le médaillé d’or de l’Euro U18 de basket savoure autant le succès face à Nantes que son tournoi avec les Bleus (1), en Turquie, trois semaines plus tôt. Saint-Eloi le couvre d’applaudissements et lui savoure. Depuis son débarquement « surprise », en août dernier, Sekou Doumbouya (2,05m, 105kg) suscite des attentes incroyables sur la planète basket. On lui prédit déjà la NBA et les millions de dollars qui vont avec. « Pour moi, il sera dans le Top 10 de la Draft, prophétise Nicolas Corbé, entraîneur du Pôle Espoirs de la région Centre, qui l’a eu sous sa coupe en minimes. Je n’ai jamais vu un joueur aussi dominateur, et pas seulement sur son physique. A l’échauffement, il lui est arrivé de me dunker dessus. J’étais obligé de me cacher pour ne pas montrer que j’étais impressionné ! »
Les compliments pleuvent, mais le gamin d’Orléans à la trajectoire fulgurante la joue modeste, décontracté. « Tout est arrivé très vite. La naturalisation, l’arrivée à Poitiers, le titre avec l’équipe de France… Si je suis venu au PB86, c’est pour jouer, faire des erreurs, qu’on me forme. Ce club a une histoire et a obtenu des résultats, avec Evan Fournier. » Conseiller officieux de Doum’s, l’arrière des Magic a, paraît-il, joué un rôle dans sa décision de rallier la Vienne et la Pro B, plutôt que de répondre aux sirènes de collèges américains, du FC Barcelone ou d’Orléans Basket, en Pro A. « Là-bas, on ne me garantissait pas de temps jeu. En août, j’ai appelé mon agent (Bouna Ndiaye, ndlr) pour lui dire de précipiter les choses. Pourtant, ma mère aurait voulu que j’aille à Orléans, mais bon… »
Hyper-actif sur les réseaux sociaux
L’enfant de Conakry, arrivé en France au milieu des années 2000 avec ses trois sœurs, a choisi une autre voie que le confort domestique et la sur-sollicitation des copains du quartier. Le néo-Poitevin tord le nez à l’idée qu’il serait influençable. « Je connais mes vrais potes, qui écouter ou pas. » Prière de le croire sur parole. De toutes les manières, l’ex-pensionnaire du Centre fédéral -viré en juin pour quelques écarts de conduite- garde le contact via les réseaux sociaux. « Je suis très actif ! » Facebook, Twitter, Instagram, Snapchap, il maîtrise toutes les plateformes avec, là encore, un vrai succès populaire. Et aussi une ou deux boulettes vite rattrapées ! On lui rappelle l’histoire de cette photo d’une dotation (maillots, chaussures…) offerte par un équipementier vite effacée. Depuis, Sekou fait « attention à ce qu’il poste ».
« Il a envie »
L’ado à l’allure dégingandée sur le parquet renvoie une étonnante sérénité en dehors. Evoque « l’importance de la famille » parmi ses sources de motivation. « C’est pour elle que je fais ça, pour lui rendre ce qu’elle m’a donné. Ma plus grande sœur Aïssatou, qui est en fac de médecine à Tours, me soutient beaucoup. C’est cool ! » En attendant de rejoindre Evan Fournier Outre-Atlantique, ce fan absolu de Michael Jordan cultive le mot travail sur tous les modes. « Je sais que je dois bosser ma concentration, ma constance et mon tir à trois points. » Hébergé à l’internat la semaine (2), Sekou se « gère » le week-end. Y compris sur le plan alimentaire. « J’essaie de manger équilibré, je sais que c’est important ! On se retrouve souvent avec Youss (Fall) qui habite dans la même résidence. Vous savez, je rigole avec tout le monde. » Le tout est asséné sur un ton décontracté. Une apparente insouciance qui cache une « vraie force mentale », dixit Nicolas Corbé. « La transition se passe bien, développe Ruddy Nelhomme. Il a su élever son niveau de jeu et nous apporte par sa polyvalence. Il fait beaucoup de choses sur le terrain et a envie. » Dans la bouche de l’entraîneur du PB et de l’assistant de l’équipe de France, ces mots valent de l’or. Vivement la suite.
(1) Il a également été élu dans le meilleur cinq du tournoi.
(2) Sekou Doumbouya est en bac pro Transport et logistique à Isaac de l’étoile.