Un an après, la naissance de la Nouvelle-Aquitaine n’a provoqué aucun exode massif de fonctionnaires territoriaux et d’Etat vers Bordeaux. Les départs volontaires se limiteraient à quelques dizaines d’agents, contrairement à une rumeur tenace.
Les chiffres ne mentent pas, a fortiori lorsqu’ils émanent de l’Insee, dont la réputation de sérieux n’est plus à faire. Avec un solde naturel positif depuis 2004, la Gironde tire la croissance de la population de la Nouvelle-Aquitaine vers le haut. C’est aussi la métropole bordelaise qui truste le hit-parade des villes où on se déplace le plus à vélo et les classements internationaux (*). Bref, la capitale régionale a le vent en poupe et attire tous les regards. Pour autant, elle n’aimante pas les fonctionnaires des deux anciennes capitales régionales, Poitiers et Limoges.
Au Secrétariat général des affaires régionales (Sgar), service déconcentré de l’Etat, sur les quarante-cinq fonctionnaires en poste ici il y a un an, trois sont partis à Bordeaux et cinq ont bénéficié d’une mutation dans un autre département ou ont passé un concours. « Cinq autres sont rattachés au Sgar Nouvelle-Aquitaine avec une implantation à Poitiers et vingt-huit ont bénéficié d’une autre affectation », complète la préfecture. « Il a toujours été clair que les directions devaient avoir des représentations sur les trois sites, indique le préfet de Région, Pierre Dartout. Nous tenons à ce qu’il n’y ait aucun déséquilibre des effectifs sur Poitiers et Limoges, sachant qu’il y a une baisse globale du nombre de fonctionnaires. »
« Nos clients sont là-bas »
Il convient de rappeler un élément essentiel : la loi NOTRe a prévu un lissage de la réforme sur trois ans, soit jusqu’à fin 2018. Dans ce big bang territorial, Poitiers a « hérité » de deux sièges Nouvelle-Aquitaine : l’Insee et la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal). Là aussi, pas de révolution de palais depuis un an. « Il y a eu quelques départs sur les trois sites, mais pas uniquement liés à la réforme territoriale », concède Fabienne Le Hellaye, directrice régionale de l’Insee. Qui convient tout même que l’ensemble des personnels du service études a migré vers Bordeaux, comme la communication du reste. « Tout simplement parce que c’est là-bas que nos contacts se trouvent. Il s’agit aussi de limiter les coûts et les déplacements », plaide Mme Le Hellaye.
A la Région, là aussi, les mouvements se comptent en dizaines et pas en centaines, contrairement à la rumeur qui bruissait sur le plateau avant la fusion. Cinq cadres ont migré vers Bordeaux, mais cinq autres ont fait le trajet inverse, soit un équilibre parfait. Mais, là aussi, le calage demande du temps. «Nous, ce qui nous préoccupe, ce n’est pas le départ d’agents, témoigne Dominique Vivien, représentante CFDT agents territoriaux, mais plutôt la multiplication des voyages entre Poitiers et Bordeaux.» Angoulême serait d’ailleurs « the place to be » pour de nombreuses réunions et séminaires de fonctionnaires territoriaux comme d’Etat. La capitale charentaise se situe à équidistance des trois villes phares. Voilà un effet de la réforme territoriale un peu inattendu ! « Les lycées sont beaucoup mis à contribution et il faudra trouver des lieux plus appropriés », conclut Caroline Charruyer, déléguée de la Fédération autonome de la fonction publique territoriale.
(*) Bordeaux a été désignée par le Los Angeles Time ville la plus belle du monde.