La mort au service de la vie

Après votre mort, vous pouvez aider la science en léguant votre corps. A Poitiers, des techniques d’opération ont pu être perfectionnées grâce à cet acte de générosité.

Florie Doublet

Le7.info

Chaque année, entre quarante et cinquante personnes lèguent leur cadavre au Centre de don du corps de la Faculté de médecine et de pharmacie de Poitiers. « C’est bien, mais c’est encore trop peu », indique le professeur Jean-Pierre Richer, médecin anatomiste et maître des lieux.

Grâce à la mort, c’est la vie qui progresse. Les corps offerts permettent ainsi de réaliser d’importantes avancées scientifiques. A Poitiers, de nombreux travaux ont pu être menés. En s’exerçant sur les dépouilles, Tanguy Vendeuvre, chirurgien et chef de clinique dans le service d’orthopédie-traumatologie du CHU, a pu mettre au point une nouvelle technique de prise en charge des fractures du « plateau tibial ». La tubéroplastie permet de minimiser la taille de l’incision. Cela réduit les saignements et le temps de convalescence du patient.

De son côté, le neurochirurgien Philippe Rigoard, a perfectionné la technique de neurostimulation médullaire. Cette opération consiste à implanter une électrode au niveau de la moelle épinière du patient souffrant de douleurs excessivement lourdes. « Celles et ceux qui font don de leur corps ajoutent une nouvelle pierre à l’édifice médical », insiste le professeur Jean-Pierre Richer.

« Un véritable progrès »

Depuis janvier 2016, ces corps reprennent « vie » grâce à la plateforme de simulation chirurgicale « Simlife » (lire n°295). Inventée à Poitiers, et unique au monde, elle permet de revasculariser, ventiler et recréer les pulsations du coeur sur un modèle cadavérique humain. Les chirurgiens expérimentent ainsi « au plus près du réel ». « C’est un véritable progrès et, sans les dons, ce ne serait pas possible. »

Sans ces dons, des promotions entières d’étudiants en médecine ne pourraient pas non plus passer de la théorie à la pratique. A partir de la deuxième année, ils bénéficient de dix heures de dissection pour compléter leurs connaissances en matière d’anatomie humaine. « Il est extrêmement important d’appréhender le corps dans l’espace. Le virtuel ne suffit pas », assure le doyen de la faculté de médecine, Pascal Roblot.

Après « utilisation » les corps sont incinérés. Les cendres sont déposées au sein d’une tombe dédiée aux « généreux donateurs ». Leur geste est ainsi immortalisé.

 

Une démarche strictement personnelle

Pour donner son corps, il faut faire connaître sa décision de manière explicite, de son vivant évidemment. Les personnes majeures doivent rédiger une déclaration sur papier libre, la dater, la signer et l'envoyer à la faculté de médecine. Pour des raisons de sécurité, le donateur ne doit pas présenter de maladie contagieuse. Un certificat médical est nécessaire. Cette démarche est strictement personnelle, mais il convient d’en discuter préalablement avec son entourage même si, dans les textes, il ne peut s’y opposer. A noter que certaines religions -notamment l’islam et le judaïsme- interdisent le don du corps. Pensez à conserver votre carte de donateur toujours sur vous. Cette démarche est réversible, il suffit de renvoyer la carte.

Renseignements : 05 49 45 43 51 ou cdc@univ-poitiers.fr

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