Christine Pascault. 62 ans. Danseuse et chorégraphe poitevine. Vient d’intégrer le « Conseil international de la danse » de l’Unesco. A transmis sa passion à plusieurs milliers d’élèves et fourmille encore d’idées pour demain.
Les murs de l’escalier qui mène au studio de danse de Christine Pascault sont tapissés de photos et d’affiches de spectacles. A chaque marche, un autre souvenir. Et la collection ne s’arrête pas au palier. Bibelots, statues, peintures... La danse est partout. « Je ne peux pas me renier », sourit la propriétaire des lieux. Christine Pascault vient d’intégrer le prestigieux Conseil international de danse, labellisé par l’Unesco. La reconnaissance de son travail en tant que ballerine, chorégraphe et enseignante. La reconnaissance de la passion de toute une vie...
« Je suis tombée amoureuse de la danse à 4 ans, se remémore la Poitevine. Je me souviens encore de mon premier cours. Je ne voulais absolument pas y aller. J’ai piqué une grosse colère quand ma mère m’y a emmenée... Et une autre quand elle est venue me chercher. » Depuis ce jour, Christine dédie son existence à cette discipline. « C’est quelque chose que l’on a en soi et que l’on n’explique pas, affirme-t-elle. On ne peut que se soumettre à ce don. La danse est dans ma tête, dans ma peau, 24h/24. »
Quatre mille élèves formés
Rien ne la rend plus fière que d’étaler les photos de ses élèves sur scène, dans de beaux costumes réalisés par ses soins. « Je ne compte plus les heures passées sur un tutu, parfois des nuits entières... » En trente-cinq années de carrière, elle a formé près de quatre mille jeunes. « C’est fou, n’est-ce pas ? Mon rôle a toujours été d’éclairer leur chemin. Certains sont aujourd’hui dans de grandes compagnies, aux Etats-Unis et en Angleterre. D’autres sont devenus professeurs de danse. Je suis encore en contact avec un grand nombre. Et quand ils me disent « On ne pourra jamais t’oublier », c’est tout simplement magique ! »
Membre de l’Académie des maîtres de danse, Christine a enseigné au sein du Conservatoire de Poitiers, mais aussi en Italie, en Russie, en Suisse, en Espagne... Un parcours remarquable pour un petit bout de femme qui n’a pas toujours dansé le vent dans le dos. À 62 ans, elle ne nourrit aucun regret, mais reconnaît de grands chagrins. « Combien de larmes ai-je pu verser lorsque j’ai compris que je ne pourrais pas intégrer l’école de danse de l’Opéra ? Je n’étais qu’une enfant. Pour mes parents, laisser une petite fille seule à Paris, c’était impossible... À l’époque, il n’y avait pas encore d’internat. »
L'amour d'une vie
Abandonner ? C’est bien mal la connaître. La danseuse a monté les marches les unes après les autres, pas après pas. Toujours mille idées en tête et un sourire immuable collé au visage, elle a mené de front sa carrière et sa vie de famille. « On m’a souvent demandé comment c’était possible... Il n’y a qu’une seule chose qui unit les miens : l’amour. » Cette mère de quatre enfants -dont un danseur professionnel- a rencontré son mari, Didier, à 17 ans. « C’est lui qui m’a conduite à mon premier stage de danse, sur sa mobylette », sourit-elle. Dès leur premier baiser, elle a su que ce serait « pour la vie ». « Et nous sommes amoureux comme au premier jour. » Pour lui, elle a renoncé à un contrat de danseuse à la Folkwang Hoschule d’Essen, en Allemagne. « Ce fut un moment difficile, mais mon choix était fait. Là encore, je ne regrette rien. Si ce n’est de ne pas pouvoir vivre plusieurs vies. »
Christine Pascault est douée pour le bonheur. Elle dépeint le quotidien avec légèreté et bonne humeur. Parfois, ses souvenirs semblent tout droit sortis d’une publicité Ricoré. « Nous avions, mon mari et moi, des emplois du temps très chargés, mais nous n’avons jamais renoncé au petit-déjeuner en famille. J’avais un bébé au sein et les autres qui dévoraient leurs tartines. Tous mes enfants partaient à l’école en chantant. C’était merveilleux. »