L’artiste poitevin Jean-Philippe Simonnet, alias Moolinex, présente jusqu’à samedi ses toiles grand format à la Galerie Grand’Rue. Inspiré par l’art brut, le funk art et la BD italienne des années 70, il propose dans cette exposition un regard alternatif sur la place de la femme dans la société. Rencontre avec un artiste pas comme les autres.
Il a 50 ans, presque toutes ses dents et des dizaines de lignes à son CV. Les grandes écoles, très peu pour lui. Jean-Philippe Simonnet, nom de code « Moolinex », a grandi en région parisienne où il a longtemps été « un petit caïd de banlieue ». Débarqué à Poitiers en 1994, pour suivre la mère de sa fille, il a fait ses armes à la Fanzinothèque, avant de rejoindre Albi pour participer au lancement du magazine de bande dessinée Ferraille. S’ensuivront des dizaines d’expos, au Confort Moderne, au Musée international des arts modestes de Sète, à la Halle Saint-Pierre de Paris, aux quatre coins du monde... L’artiste jongle avec les supports, de la broderie à la monographie, en passant par le tatouage. « Voilà pour la biographie », lâche-t-il, assis à la terrasse d’un café de la place Charles-de-Gaulle.
Son actualité, c’est une exposition de toiles grand format à la Galerie Grand’Rue. « Avant le Future c’était demain » puise son inspiration « dans l’art brut, le funk art, les BD érotiques italiennes des années 70, celles que je trouvais dans les chiottes de ma famille », sourit-il. Moolinex est comme ça. Il n’y va pas par quatre chemins. Comme lorsqu’il écrit « We want anal sex », « All women are bad » ou « Branle la brute » sur ses toiles, pour interroger le spectateur sur la place de la femme dans notre société. « Je prends le rôle du salaud dans cette histoire, mais je ne fais que constater. J’aime bien faire bouger les lignes en rendant les choses « crunchy ». »
« Une drôle de société »
Moolinex est un paradoxe personnifié, qui côtoie les hipsters dans les galeries d’art contemporain et donne des cours de dessin aux taulards de Vivonne entre deux expositions. « Ce qui m’intéresse dans l’art, c’est son côté populaire. On vit dans une drôle de société. Quand je vais en prison, c’est pour donner aux mecs comme aux nanas un moyen de casser leur quotidien et, pourquoi pas, de préparer leur sortie de prison. Ça ne sert à rien de leur faire passer un CAP ou un Bac. S’ils apprennent à tatouer, en revanche, ils auront plus de chance de trouver un boulot en allant taper directement à la porte des tatoueurs. »
Cet engagement bénévole le conduira l’an prochain au Mexique, dans un centre pénitentiaire « où les gamins de moins de 20 ans ont déjà tué quelqu’un ». En parallèle, Moolinex prépare un livre et une exposition rétrospectifs « pour faire comprendre aux gens la démarche globale » de son travail. Le quinquagénaire n’entend pas rentrer dans le rang. « J’ai encore tellement de trucs à faire. Il me reste une vingtaine d’année pour finir ce que j’ai entrepris. »
Exposition « Avant le Future c’était demain », Galerie Grand’Rue, à Poitiers. Renseignements au 05 49 42 92 36 ou sur galeriegrandrue.com.