Ségolène Royal : «Le mal est fait»

La ministre de l’Environnement a invité à Paris quelques journalistes à déjeuner pour évoquer le rapport de la Chambre régionale des comptes. Nous y étions. Morceaux choisis.

Arnault Varanne

Le7.info

Le 8 décembre, en marge de l’inauguration de l’usine châtelleraudaise Mecafi, elle s’était engagée à recevoir la presse régionale une fois le rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC) sur la place publique. Deux jours après le grand déballage consacré à la gestion de l’ex-Poitou-Charentes, pendant la commission permanente de la Nouvelle-Aquitaine, Ségolène Royal a tenu parole. Droite dans ses « Charentaises », la ministre de l’Environnement a maintenu sa ligne de défense, tout en prenant le soin de braquer les projecteurs sur la gestion de l’Aquitaine.

« En Aquitaine, la Cour des comptes (sic) dit dans le même rapport que la dette a doublé en quatre ans et que 130M€ ont été versés pour compte de tiers. On en parle de ça ? » Première salve en direction d’Alain Rousset. La deuxième, l’ancienne patronne de Poitou-Charentes la réserve d'une certaine manière à ses deux anciens vice-présidents aux Finances, Jean-François Fountaine et Bernard Grasset (*). C’est sous leur mandature que la plupart des emprunts structurés -140M€ dont 46M€ hors charte Gissler- ont été contractés… par le Directeur général des finances, Daniel Parizot. Lequel ne possédait pas de délégation de signature pour de tels actes. « Je n’étais pas au courant. Vous savez, j’ai beaucoup délégué. Mais interrogez-les ! (Fountaine et Grasset, Ndlr) Un ancien préfet et un chef d’entreprise, on ne peut pas dire que ce sont des irresponsables… »

« Pas une catastrophe nationale »

A propos de ces emprunts à risque, l’élue qui a « donné dix ans de (sa) vie à Poitou-Charentes » entend relativiser leur portée explosive. « Il n’y a rien de dramatique. 50M€ pour renégocier ces emprunts, sur un budget de 2,8 milliards, ce n’est pas une catastrophe nationale ! » Dans son esprit, « aucun regret » sur le passé et sa gestion des finances régionales. Au contraire, Ségolène Royal redit sa fierté d’avoir mené des « politiques dynamiques et appréciées sans augmenter les impôts ». « Si j’étais encore à la tête de la Région, je ne prélèverais pas la TICPE. » Dans un courrier adressé au président de la CRC, elle a pourtant évoqué « un potentiel de recettes de plus de 270M€ » transmis au nouvel exécutif. Comprenne qui pourra.

S’agissant de l’éventuelle plainte pour diffamation à l’endroit d’Alain Rousset, il n’en est plus question. « Au 20h de TF1, deux fois cinq millions de personnes ont vu que Ségolène Royal gérait mal sa région. Quelque part, le mal est fait. J’ai demandé des excuses, je n’en ai pas eues. En guise de réparation du préjudice, je préfèrerais qu’il remette en place les politiques régionales, le Fril, les Nuits romanes… » Des Nuits romanes que Nathalie Lanzi elle-même -élue PS des Deux-Sèvres- a critiquées lundi dernier, pendant la commission permanente de la Nouvelle-Aquitaine. Sacrilège. « Pathétique », persifle la ministre. Même si elle « s’occupe de la planète », Ségolène Royal conserve un œil acéré sur les affaires régionales. « Poitou-Charentes, c’est affectif. » Son immense bureau de l’hôtel de Roquelaure l’atteste. Entre autres photos de carrelets, un cliché de Melle y trône en bonne place. Melle, sa première terre électorale, fief du fidèle Yves Debien. Un soutien indéféctible.

(*) Respectivement vice-présidents aux Finances entre 2004 et 2008 et 2008 et 2010.

 

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