A la veille de souffler ses trente bougies, le Futuroscope livre avec « L’Extraordinaire voyage » une attraction de haut vol. Quatre minutes contemplatives et sensationnelles en forme d’hommage à Jules Verne. Planant.
Au Tapis magique, les Papillons monarques ont longtemps tracé leur sillon. Puis, les « Voyageurs du ciel et de la mer » se sont imposés comme les nouveaux hérauts de l’époque, sur l’air de « La planète est belle, prenez-en soin ». Dans cet incroyable théâtre aux tubes calibrés, le Futuroscope joue depuis quelques jours une nouvelle pièce aux ingrédients d’un succès assuré. Encore une ode au voyage, mais sur un mode résolument moderne. Trois plateformes issues du savoir-faire des Canadiens de Dynamics Attractions font littéralement s’envoler les quatre-vingt-quatre passagers du vol de la compagnie Sky World.
Les pieds dans le vide, la tête dans les nuages, ils se lovent dans un écran torique de 600m2 (1), sur lequel les merveilles du monde telles que Jules Verne les avait dépeintes défilent sous leurs yeux. Contrairement au « Tour du monde en 80 jours », « L’Extraordinaire voyage » ne dure que quatre minutes, entre pyramides de Gizeh, gratte-ciel de Dubaï -point de ralliement d’un groupe de base jumpers-, Taj Mahal, cimes de l’Himalaya, parc de Yellowstone et… Futuroscope. Le voyage à bord du SkyLoop, servi par des effets de vent, de bruine et de pluie, se révèle délicieux et d’une douceur incomparable. A fortiori lorsque des odeurs d’épices au-dessus du Gange et de pin à l’approche de Yellow Stone nourrissent un peu plus l’expérience.
Retour aux sources
Au final, on sort du Tapis magique avec un sentiment de satiété et d’accomplissement. Et on en redemande ! « C’était presque trop court », entendait-on samedi, jour d’inauguration. Y a-t-il meilleure marque de satisfaction ?... D’une certaine manière, « L’Extraordinaire voyage » ressuscite feu le parc de l’image, des grandes images, dont la naissance en 1987 avait épaté le monde. Mais ce serait réducteur de s’arrêter au « contenu » virtuel mais saisissant de réalité, livré par le réalisateur Nicolas Deveaux et les équipes de Cube Créative (2). Car le Futuroscope a aussi et surtout pris un gros risque technologique en misant sur une plateforme désormais unique en Europe, qui n’était encore qu’un prototype…
Autour de Jean-Pierre Joyaux et d’Olivier Héral, une équipe d’une dizaine de personnes a bossé en interne pendant trois ans sur ce projet dont le gigantisme donne le vertige. A l’arrivée, ce « joli cadeau de Noël » avant l’heure devrait ravir les deux millions de visiteurs attendus ici en 2017. « Il n’y a rien de plus puissant qu’une idée qui arrive à son heure », disait Victor Hugo. Dominique Hummel l’a rappelé à propos le week-end dernier. C’est une évidence, le Futuroscope n’a jamais fait aussi jeune.
(1) Seul petit bémol à « L’Extraordinaire voyage », les stries de l’écran sont trop apparents. Mais on les oublie vite, rassurez-vous !
(2) Spécialement créée pour « L’Extraordinaire voyage », la bande-originale est signée Franck Marchal. Les musiques ont été enregistrées par quarante-quatre musiciens de l’orchestre symphonique dirigé par Paul Rouger.