Le mécénat a le vent en poupe

Fondation, fonds de dotation, clubs partenaires... Les relations entre les mondes académique et économique s’enrichissent tous les jours de nouvelles formes de collaborations. En jeu : le financement de projets.

Arnault Varanne

Le7.info

A l’heure où l’argent public se raréfie, les établissements publics cherchent de plus en plus à diversifier leurs sources de financement. D’où l’émergence de fondations et de fonds de dotations, encouragés, entre autres, par la Loi de modernisation de l’économique de 2008. « C’est simple, corrobore Suzanne Gorge, secrétaire générale du CFFF(*), ce type de structures a doublé en France entre 2001 et 2014. » Si le mouvement est parti de la culture, il a essaimé dans de nombreux autres domaines, dont l’éducation. Depuis sept ans, l’université de Poitiers a ainsi choisi de constituer sa propre Fondation.

« Au départ, il s’agissait de rapprocher le monde académique des acteurs socio- économiques », rappelle Michel Guérin, son délégué général. Sept ans après, la Fondation « UP » a trouvé sa vitesse de croisière, avec soixante-dix partenaires et « 500 000 à 600 000€ » levés chaque année. PME, grands groupes, particuliers. Le mécénat fait appel à des publics différents, même si la finalité est commune : favoriser les projets estudiantins, financer l’innovation ou encore les actions en faveur du développement durable. La défiscalisation dont bénéficient les généreux donateurs ? « Ce n’est pas ce qui motive en premier lieu les membres, assure Michel Guérin, catégorique. On ne trouve pas de mécènes si on ne leur présente pas des projets d’intérêt général et de qualité. »

7,4 milliards de dépenses annuelles

Au CHU de Poitiers, l’appel à la générosité publique a pris la forme d’un Fonds de dotation baptisé Aliénor (cf. n°322). Son abonde- ment doit permettre de financer six programmes de recherche. « Les financer n’est pas simple, convenait Jean-Pierre Dewitte, Directeur général, dans ces colonnes, le mois dernier. Ce fonds nous y aidera. » Reste à savoir si les dispositifs fiscaux(2) demeureront intacts. Là-dessus, on peut en douter. Certains candidats à la Présidentielle prévoient en effet de supprimer l’Impôt sur la fortune (ISF). « Si la mesure entrait en vigueur, ce serait une perte de 300M€ pour le secteur, s’alarme Suzanne Gorge. Quand un particulier fait un don, il paie toujours des impôts derrière mais, au moins, il choisit de donner un sens à cet acte citoyen. » L’air de rien, Fondations et fonds de dotations -4 303 au 31 décembre 2015- génèrent, dans l’Hexagone, l’équivalent de 7,4 milliards d’euros de dépenses annuelles et la bagatelle de 84 100 emplois salariés. C’est dire si le mécénat revêt une dimension fondamentale. Et ce n’est peut-être qu’un début au regard de la diminution des subsides publics.

(1) Centre français des fonds et fondations. Les chiffres indiqués dans l’article sont issus d’une étude de l’Observatoire de la Fondation de France.

(2) A hauteur de 66% du montant des versements, dans la limite de 20% du montant imposable pour un particulier et 60% dans la limite de 0,5% du chiffre d’affaires pour une entreprise.

 


Ensip et Isae-Ensma proactives
Les deux seules écoles poitevines de formations d’ingénieurs s’ap- puient de plus en plus sur des partenaires privés pour se dévelop- per. A l’Ecole nationale supérieure d’ingénieurs de Poitiers (Ensip), un tiers du budget vient du privé, via la taxe d’apprentissage. Un Club d’entreprises va voir le jour le 7 décembre. « Nous avons le souci de préparer l’avenir », admet Philippe Ayrault, en charge des relations avec les... entreprises. A l’Isae-Ensma, la Fondation ne verra pas le jour avant 2017. Le directeur de l’établissement, Fran- cis Cottet, espère récolter « entre 100 000 et 150 000€ par an ».

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