Séparés de leurs parents sur décision de justice, quarante-huit jeunes ont intégré, en août dernier, le 14e village de la fondation Action enfance, à Monts-sur-Guesnes. Entourés d’éducateurs, ils apprennent à se (re) construire.
Florie Doublet
Le7.info
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Un joyeux brouhaha se fait entendre depuis une aire de jeux. Des petits garçons et petites filles font la course en vélo. À première vue, on pourrait se croire dans une cour d’école. Il n’en est rien. Depuis août dernier, Monts-sur-Guesnes accueille le premier « village d’enfants » de la Vienne (1).
Quarante-huit jeunes, âgés d’1 à 16 ans, originaires du 86 et des départements limitrophes, y ont posé leurs valises. Placés par l’Aide sociale à l’enfance (ASE 2), ils ont été séparés de leurs parents après une décision de justice, consécutive à de la maltraitance, une défaillance éducative…
Ici, trente-deux éducateurs sont missionnés pour leur permettre de vivre une enfance aussi heureuse que possible. Les enfants vont à l’école, participent à des activités sportives, culturelles, etc. « Avec les services de l’ASE et les familles, nous assurons une co-éducation. Cela va des règles de politesse à l’aide aux devoirs. Rien de plus classique », explique Maryse Péricat, la directrice de l’établissement. Les éducateurs régissent la vie des huit maisons occupées par plusieurs fratries : courses, repas, rendez-vous chez le médecin… Le « train-train » quotidien en somme.
« La bonne proximité »
Un « bout de chou » nous laisse découvrir sa chambre. Couverture « pirates » et petites voitures, jeux de société et cartable d’écolier, tout ce dont un enfant a besoin. « Ils sont chez eux », souligne Maryse Péricat. Avec ses protégés, Madame la directrice s’efforce de garder « la bonne proximité ». « Et non pas la bonne distance, cela change tout, précise-t-elle. Nous apprenons à nous connaître et à tisser des liens. »
Evidemment, cette bienveillance des adultes n’empêche pas les « coups de blues ». L’éducateur qui couche l’enfant est aussi celui qui le lève, « de manière à le consoler en cas de gros chagrin durant la nuit ». « Nous accueillons les enfants avec leur vécu, ce qui a été dur et beau. Nos équipes sont formées à les écouter. Nous faisons en sorte que leur histoire de vie ne soit pas une fracture. » Un engagement de chaque instant, pour aider les petits habitants du village à grandir et avancer.
(1) Complexe de 2 600m2 construit par Logiparc. Coût : 5M€.
Pour aller plus loin :
- Le site de la fondation Action Enfance
- Le reportage "Grandir en Village d'Enfants"
Chaque année, dans la Vienne, plus de mille enfants sont placés par les services de l’Aide sociale à l’enfance. Les deux tiers sont accueillis chez des assistants familiaux (au nombre de trois cent trente-quatre). Le dernier tiers vit dans des établissements, comme le village d’enfants de Monts-sur- Guesnes, ou la maison d’enfants à caractère social en construction à Salvert, près de Migné-Auxances. Elle accueillera une quarantaine de jeunes, répartis dans six maisonnées de sept places chacune.