Aujourd'hui
Clinton-Trump, l’Amérique vue d’ici
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : mardi 08 novembre 2016Entre Hillary Clinton la démocrate honnie et Donald Trump le Républicain fantasque, la campagne présidentielle fut incroyable à beaucoup d’égards. L’universitaire poitevin François Durpaire et le plus Poitevin des Américains, Jeffrey Arsham, ont échangé leur regard sur l’Amérique d’aujourd’hui. Instructif.
« On est toujours dans l’incrédulité. Je n’ai jamais vu un fossé aussi incommensurable entre les supporters de deux candidats aux Présidentielles… » Avec son accent new yorkais à couper au couteau, Jeffrey Arsham n’en revient toujours pas du spectacle offert par « son » pays à la face du monde, ces six derniers mois. Lui le démocrate a évidemment voté Hillary Clinton -le scrutin se déroule ce soir-, mais les affaires de la favorite à la Maison-Blanche l’ont un peu refroidi. « Ces derniers jours, on souhaitait prendre un peu de hauteur dans cette campagne de caniveau, mais elle s’est achevée de la même manière », déplore François Durpaire.
L’universitaire poitevin, et très grand connaisseur des Etats-Unis, court d’un plateau de télé à l’autre, où ses analyses pertinentes sont appréciées des journalistes. A l’aube où l’Amérique s’apprête (sans doute, restons prudents…) à « élire la première femme présidente (*), après le premier Noir », l’heure serait donc plutôt à la consternation. « Trump a joué au populiste pendant de longs mois, touchant les handicapés, les hispaniques et enfin les femmes, qui représentent 53% du corps électoral. C’est peut-être l’erreur de trop. »
Une peur partagée
Selon François Durpaire, le combat des chefs entre le milliardaire et l’ancienne secrétaire d’Etat à la Défense s’est joué sur le registre de « la peur ». « D’un côté la peur des immigrés, des attentats, de la pauvreté, de l’autre la peur… de Donald Trump. » Après l’espoir suscité par Barack Obama, voilà les Etats-Unis en train de basculer dans un « cycle du désenchantement ». Jeffrey Arsham nuance le propos et se montre volontiers optimiste : « Hillary Clinton va peut-être réussir là où on attendait davantage Barack Obama, comme sur la question de la régularisation des immigrés… », veut croire le formateur et traducteur, né à Big Apple.
La question raciale au cœur du bilan Obama https://t.co/BSclT7Weoh via @Le_Figaro
— François Durpaire (@durpaire) November 3, 2016
A Poitiers, nombre d’Américains expatriés ont suivi la campagne d’assez loin. Dans leur bouche, les mots « stupeur » et même « honte » reviennent en boucle. Au-delà des actifs, vingt-trois jeunes « US » étudient aujourd’hui à l’université de Poitiers. Laquelle a passé quinze accords de coopération avec des homologues étatsuniennes, notamment dans l’Oregon. Autant de passerelles en danger, si d’aventure Donald Trump -« plutôt isolationniste », dixit François Durpaire- accédait au Bureau ovale. Ici, personne n’ose l’imaginer. Verdict des urnes dans quelques heures…
(*) Ce serait également la première fois, depuis 1837, qu’un démocrate succéderait à un autre démocrate ayant accompli deux mandats.
Un prélude
Et si l’élection américaine de ce début novembre constituait une sorte de répétition avant les Présidentielles françaises de 2017 ? La question paraît farfelue au premier abord, tant Hillary Clinton et Donald Trump ont exécuté une partition sidérante depuis un semestre. Entre insultes, extravagances, affaires et autre scandale financier, la campagne s’est révélée fracassante. A son « niveau », la primaire de la droite et du centre réserve aussi son lot de coups bas et d’amabilités assassines. Mais avec l’entrée en lice de Marine Le Pen, François Hollande, Emmanuel Macron ou encore Jean-Luc Mélenchon, la confrontation pourrait carrément tourner au pugilat. Cela même si la tenante d’une « France apaisée » mène une stratégie de respectabilité inverse à celle du surexcité Donald Trump. L’universitaire poitevin François Durpaire ne s’y est pas trompé. En publiant le deuxième tome de sa BD -Totalitaire-, il n’hésite pas, l’air de rien, à tracer des lignes de convergence entre la présidente du FN et le milliardaire américain. Toutes proportions gardées, ils sont tous les deux les symptômes de démocraties qui cherchent un second souffle.
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Patricia Thoré, l'amie des bêtes
Patricia Thoré « de la Maraf ». 67 ans. Originaire de Rochefort, arrivée dans la Vienne en 1998. Ancienne militaire de carrière aujourd’hui responsable de la Maison d’accueil et de retraite des animaux de la ferme, à Salle-en-Toulon. Amie des bêtes et femme de conviction.