L'Apajh au chevet des autistes

L’Association pour adultes et jeunes handicapés de la Vienne a lancé, il y a six ans, un plan de grande envergure pour l’accueil des personnes autistes. Alors que la première partie du projet vient de s’achever, bénévoles et salariés entendent poursuivre les efforts entrepris pour favoriser la prise en charge, qui reste insuffisante en France.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

Il y a quelques années, Corinne Reboud a pris un virage important dans sa vie. Cette Parisienne d’origine, mère d’un enfant autiste, a décidé de plaquer sa vie francilienne pour s’installer dans la Vienne. À son arrivée, elle s’est empressée de trouver une structure d’accueil à son fils, Enzo. « Il était important de trouver un relais, d’assurer la continuité avec ce qui avait été entrepris en région parisienne, explique-t-elle. L’enfant autiste a besoin d’un temps d’adaptation. Et les personnes qui le prennent en charge doivent parvenir à cerner la personnalité de l’enfant. »

Corinne Reboud a donc poussé la porte de l’Institut médico-éducatif (IME) Henri-Wallon, à Châtellerault. Propriété de l’Association pour adultes et jeunes handicapés de la Vienne (Apajh86), ce centre d’accueil a profité, ces dernières années, d’un vaste plan de rénovation, qui lui permet aujourd’hui de proposer douze places en ambulatoire. « Nous rénovons et construisons des bâtiments pour qu’ils soient parfaitement adaptés au public autiste, explique Gilles François, directeur général de l’Apajh86. Nous privilégions les éclairages doux, les couleurs pastel, les sols souples atténuant les bruits, afin d’accueillir les patients dans un environnement non hostile. »

Vers une meilleure identification du besoin

En l’espace de six ans, l’Apajh86 a engagé 4,75M€ dans cinq projets immobiliers. « La première tranche du plan s’est achevée en août dernier, avec la rénovation des locaux des IME de Châtellerault et Vivonne, ainsi que la construction d’un accueil de jour à la maison d’accueil spécialisée d’Iteuil. » La création d’une nouvelle structure destinée à l’accueil des autistes sévères vient de démarrer à Ligugé, tandis qu’un plan de rénovation pour le reste du site d’Iteuil est prévu dans les prochains mois. Parallèlement à cela, l’Apajh86 a engagé 183 000€ dans la formation d’une centaine d’employés.

Pour Corinne Reboud, « il est primordial que les accompagnants soient en mesure d’anticiper les réactions de l’autiste ». « Plus il y aura de personnes compétentes, qui connaissent bien la complexité du spectre autistique, meilleure sera la prise en charge, insiste la mère de famille. Un enfant autiste qui gagne en autonomie gagne aussi en qualité de vie, présente et future. Et sa famille ne s’en porte que mieux. Ce n’est pas parce que mon fils Enzo est autiste que j’ai besoin de me sacrifier. J’ai un travail, une vie sociale, une vie de femme. »

Aujourd’hui, le comité technique régional de l’autisme estime qu’environ six jeunes sur mille souffrent de troubles envahissants du développement, soit 2 584 individus en Poitou-Charentes. Selon Chantal Vacheron, « la priorité doit maintenant être donnée à l’identification du besoin ». « Il y a encore des progrès à faire, notamment sur le diagnostic de l’autisme, précise la vice-présidente de l’Apajh86. Et nous devons poursuivre nos efforts en termes d’accueil de patients. » À ce jour, l’Apajh86 dispose d’une soixantaine de places dans la Vienne. Alors qu’on estime à plus de six cents le nombre de personnes souffrant de troubles envahissants du développement.

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